Article publié dans Concours pluripro, octobre 2024
 

Située à l'extrême est du département des Alpes-Maritimes, la CPTS de la Rivieria française couvre une population de 80 000 à 120 000 personnes. "Nous n'avons pas de parcours de santé mentale ni d'axe dédié, c'est une thématique transversale connexe au maintien à domicile et au parcours ville-hôpital, souligne Kathleen Waeytens, sa coordinatrice. C'est aussi un sujet de prévention pour lequel nous adaptons nos messages selon les publics. Notre démarche s'appuie sur un important travail de mise en lien avec les acteurs locaux et une acculturation auprès des libéraux."

Le territoire n'est pas exsangue en la matière. Il dispose du centre hospitalier spécialisé (CHS) Sainte-Marie à Nice pour le public adulte et de l'Hôpital universitaire pédiatrique avec une offre de soins en pédopsychiatrie (fondation Lenval de Nice), d'un CMP pour adultes (centre Saint-Michel), d'un CMP pédiatrique à Menton, et de deux conseils locaux en santé mentale (CLSM), à Menton et à Roquebrune-Cap-Martin. Mais, pour le territoire, l'offre de soins en santé mentale reste sous-dimensionnée.

"En 2021, on a organisé une soirée pour expliquer aux libéraux les différents dispositifs existants. Souvent, ils ne savaient pas ce qu'était un CLSM, ni où il se trouvait, se souvient Céline Nifle, à l'époque coordinatrice du CLSM de Roquebrune-Cap-Martin, et aujourd'hui coordinatrice adjointe de la CPTS. La filière santé mentale était mal considérée, jugée saturée et opaque. Passer par la CPTS donnait un crédit positif, et cela a permis de faire connaître et remplir les formations à la crise suicidaire mises en place par les CLSM. Pour les libéraux, l'important est d'identifier les ressources en proximité, mais nous l'avons élargi aux secteurs du domicile et du social." L'équipe (3 personnes) de la CPTS a mené un travail de longue haleine afin que les libéraux sachent à qui s'adresser. "Nous avons pu créer des partenariats et mettre en lumière le comité départemental d'éducation pour la santé des Alpes-Maritimes", ajoute Kathleen Waeytens.
 

Consultation dédiée santé mentale et addictologie

Un autre acteur important est le DAC Est Azur (bi-frontalier entre Monaco et l'Italie) qui partage le même territoire que la CPTS. Depuis janvier, ils ont mis en place un parcours qui "fait le lien, rassure et aide les professionnels libéraux lors du retour à domicile d'hospitalisation de patients aux problématiques complexes. C'est une approche plurielle et globale qui permet d'apporter une réponse complète".

La mobilisation des acteurs de l'accompagnement en santé mentale est essentielle pour fluidifier la prise en charge des patients. Elle se fait également en lien avec les différents parcours animés par la CPTS. Depuis mi-2023, le CLMS de Menton a mis en place une consultation dédiée santé mentale et addictologie. Or le constat de terrain a montré que dans les vallées de la Roya et de la Bévéra, où l'accès aux soins se fait par les MSP, l'offre en addictologie manquait. "Un travail en articulation avec le centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) du CHU de Nice a été réalisé, et une IPA psychiatrie-addictologie rattachée au CHU de Nice tourne sur les deux vallées, en lien avec les MSP et l'établissement ou service d'aide par le travail (Esat) Le Prieuré, à Saint-Dalmas-de-Tende", explique Céline Nifle.

Cette démarche, en place depuis début 2024 dans la vallée de la Roya, est aujourd'hui en phase d'expérimentation. Le CHU de Nice doit valider sa pertinence avant un éventuel déploiement dans les autres vallées.

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