Article publié dans Concours pluripro, mars 2023

Des séances de réadaptation cardiaque au plus près des patients. C'est l'objectif du programme EVA Corse expérimenté depuis décembre 2021 par la MSP de l'Île-Rousse. Une expérimentation "article 51" Ipep (incitation à une prise en charge partagée) qui s'appuie notamment sur "les centres de soins de suite et de réadaptation (SSR) cardiaques référents et les équipes de soins primaires", explique Raphaël Leroux, masseur-kinésithérapeute au sein de la maison de santé. Financé au forfait intégrant une prime d'efficience et de qualité, le programme comprend 20 séances de réadaptation cardiaque : les 6 premières réalisées en SSR pendant trois jours, et les 14 suivantes par l'équipe de soins primaires. Deux maisons de santé de Balagne participent au dispositif.

Pour autant, insiste le kiné, si EVA Corse est entré en vigueur fin 2021, son "engagement" date de 2017 : "À l'ouverture du centre de réhabilitation de Bastia, je suis allé rencontrer le chef de service pour lui faire part de nos motivations concernant des séances de réadaptation cardiaque. Il avait conscience des problématiques posées par les longues distances à parcourir par les patients du territoire pour accéder aux soins", poursuit celui qui est directement impliqué, avec trois confrères et des infirmières libérales de la MSP, dans la mise en oeuvre du programme. Ce chef de service a alors porté ce projet de création de centres de réadaptation secondaires avec les MSP, à distance de Bastia, afin de permettre aux patients d'accéder à des séances de rééducation à proximité de leur lieu de vie, et ainsi favoriser leur adhésion.

 

Le parcours patient

Cas pratique : à la suite d'un accident cardiovasculaire, le patient hospitalisé bénéficie d'une réadaptation de phase I à l'hôpital. De retour chez lui, et pour éviter la survenue d'un nouveau problème cardiaque – ou en prévention pour les patients identifiés à risque –, il peut bénéficier de séances de réadaptation de phase II au sein de la maison de santé. "Les patients peuvent être inclus dans l'expérimentation par les médecins hospitaliers, les cardiologues ou les généralistes libéraux", explique Raphaël Leroux. Un adressage qui rencontre encore quelques freins tant il implique des changements de pratique. "Pour faciliter l'orientation, nous avons mis en place un repérage des patients éligibles par le biais de notre système d'information partagé, qui envoie des rappels aux praticiens", souligne-t-il.

Et certains patients sont plus difficiles à convaincre que d'autres. De fait, après un entretien avec le médecin, ils peuvent rencontrer une infirmière en pratique avancée (IPA).

Au sein de la MSP, le programme est organisé autour d'une séance de reconditionnement physique, d'une séance de réadaptation respiratoire et de l'éducation thérapeutique du patient (ETP), soit deux heures trente par jour, en groupe de cinq personnes environ, en moyenne trois fois par semaine. "C'est aussi pour favoriser leur adhésion que nous regroupons les séances sur la même journée, afin de réduire les déplacements", précise le kiné. À l'issue du programme, dix séances d'activité physique adaptée (APA) leur sont également proposées, pour la phase III.

Entre décembre 2021 et juillet 2022, une soixantaine de patients ont été pris en charge au sein de la maison de santé.
 

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