Centre de santé
De plus en plus impliquées dans l'offre de soins, des collectivités font preuve d'imagination pour apporter des réponses à la population. À Béthune, un centre "avec antennes" se déploie et aide à favoriser l'attractivité du territoire.
Article publié dans Concours pluripro, septembre 2025
Le centre de santé intercommunal pluriprofessionnel avec antennes (Csipa) de la communauté d'agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane (Pas-de-Calais) a ouvert ses portes en juin 2024 à Labourse, avec une antenne à Norrent-Fontes le même mois, suivi d'une deuxième antenne en février 2025, à Gauchin-Légal. D'ici à la fin de l'année, la troisième ouvrira à Robecq. "Leur création repose aussi sur un travail partenarial mené en amont, pendant un an, avec les acteurs de santé du territoire, afin d'en définir les contours, les professions à adjoindre aux médecins généralistes ou encore les lieux d'implantation", explique Delphine Parent, cheffe de service Appui aux politiques de santé, autonomie, inclusion, en charge du service du Csipa, au sein de la communauté d'agglomération.
Le choix de ces communes est lié au diagnostic territorial effectué avec l'ARS. Sur la centaine que compte la communauté d'agglomération, 95 sont concernées par le zonage prioritaire. Mais 17 se trouvent davantage en difficulté. "Face à cette réalité, le président de la communauté d'agglomération et la vice-présidente en charge de la santé et de l'action sociale ont réuni les maires concernés afin de leur présenter le projet et savoir qui souhaiterait se positionner pour accueillir le centre de santé et ses antennes", rapporte Delphine Parent. La création de ce Csipa représente l'une des 12 actions de la feuille de route pour le soutien à la démographie médicale, qui fait partie intégrante du projet de territoire visant à garantir un accès aux soins pour tous. Dans un bassin de 282 000 habitants, dont 32 000 sans médecin traitant, son ouverture était attendue.
Aujourd'hui, la communauté d'agglomération "assure la signature de l'accord national, l'ingénierie, l'animation du projet de santé, le fonctionnement du centre et de ses antennes, le recrutement des professionnels de santé, leur rémunération, la coordination des équipes ou encore l'équipement des structures", énumère Delphine Parent. De leur côté, les communes mettent à disposition les locaux et prennent en charge les travaux de réhabilitation, la mise aux normes et les fluides. Pour leur permettre d'obtenir des subventions du conseil régional, le centre se devait d'être pluriprofessionnel. "Nous avons donc effectué un diagnostic précis afin de savoir, en parallèle des médecins généralistes, quelle profession était en tension sur le territoire." Les orthophonistes sont arrivés au premier rang, mais aucun candidat n'a répondu à l'offre d'emploi. La communauté d'agglomération s'est alors tournée vers les sages-femmes. Et l'ensemble des acteurs ont travaillé à la rédaction du projet de santé, validé par l'ARS.
Pour faire fonctionner le Csipa, la communauté d'agglomération a acté l'ouverture de 4,5 équivalents temps plein (ETP) de médecin traitant et de deux 0,5 ETP de sage-femme. "Les premiers mois, on avait une équipe de six médecins, mais aujourd'hui, on n'en a plus que trois", pointe Delphine Parent. Aujourd'hui, il manque 4 ETP de médecin traitant, la politique de recrutement est donc en cours. Pour les sages-femmes, "on a commencé avec un seul poste afin de savoir si cela répondait aux besoins du territoire", précise-t-elle. Les professionnels de santé sont accompagnés d'une secrétaire et d'une gestionnaire administrative et financière. La communauté d'agglomération a eu recours à plusieurs sources de recrutement (cabinet dédié, réseautage). Certains professionnels sont venus, puis repartis après quelques mois d'exercice. "Pour autant, on propose une grande dynamique dans le secteur de la santé. Avec notre contrat local de santé, on est très actifs, ce qui représente un levier d'attractivité pour les professionnels de santé."
Outre cette dynamique locale, elle a mis en place un "welcome pack" afin "de faciliter l'accueil des professionnels, la recherche de logement ou encore l'emploi des conjoints. Nous sommes facilitateurs à l'installation". Après six mois d'exercice, environ 2 000 consultations ont été réalisées.
