Article publié dans Concours pluripro, septembre 2025
Avec 1 médecin généraliste pour 8 000 habitants, 23,5 % de la population en ALD et de fortes difficultés de mobilité, les communes de Fégréac, Saint-Nicolas-de-Redon et Avessac se sont "retrouvées dos au mur" en 2022, se souvient Alexandra Guiho, habitante de Fégréac depuis plus de quarante ans, agricultrice et adjointe à la santé du village : "Alors, on a décidé de se tourner vers Redon Agglomération, dont chacune des trois communes fait partie, pour trouver une solution." Et la réponse est sans équivoque : "Vous êtes des communes limitrophes, coconstruisez une solution ensemble." À force de recherches vient une rencontre : les porteurs du projet croisent la route de MarSoins – un camion de prévention sillonnant le pays de Redon – et de l'association À vos soins, située à Saint-Nazaire. "Ils nous ont présenté leur centre de santé et on s'est tout de suite dit : c'est exactement ça qu'il nous faut !", reprend Alexandra Guiho. L'équipe de Saint-Nazaire accepte de les accompagner, sans pour autant porter le projet en propre. Une convention de partenariat est signée en juillet 2023, et les bases sont posées.
Dès janvier 2024, le partenariat prend forme. Puis, en avril, un appel est lancé aux citoyens. Les habitants répondent présents. Une vingtaine d'entre eux, issus des trois communes, rejoignent le conseil d'administration de l'association qui portera le centre de santé, Mobil'Santé. À leurs côtés, les élus mandatés. Une gouvernance partagée, incarnée par une coprésidence à trois têtes – une pour chaque commune. "Il fallait fonder ce projet sur une réalité locale", explique Stéphanie Cornet, coprésidente de l'association Mobil'Santé et ancienne coordinatrice territoriale de santé. "On a donc mené un diagnostic de santé sur le territoire." Et les chiffres parlent d'eux-mêmes : un seul médecin pour 8 000 habitants, des indicateurs de précarité sociale très élevés, un taux de suicide largement supérieur à la moyenne nationale (notamment chez les hommes), une faible participation aux dépistages et des accidents de la route deux fois plus mortels que sur le reste du territoire français. "Le manque de mobilité renforce tout cela, souligne Stéphanie Cornet. Et c'est justement pour ça que le projet s'appelle Mobil'Santé : on parle à la fois du mobile qui nous unit, de mise en mouvement, de souplesse mais aussi de mobilité géographique et sociale."