Article publié dans Concours pluripro, février 2023

Voilà plus d’une décennie, un petit groupe de professionnels aux marges de l’action de la HAS, produisait une "matrice de maturité en soins primaires". Sous ce vocable plutôt abscond, il s’agissait de préciser les principales caractéristiques constitutives d’un regroupement pluriprofessionnel, du type maisons de santé, telles qu’elles commençaient de se multiplier dans les territoires. Et l’une des quatre caractéristiques constitutives concernait l’implication des patients*. En réalité, cette production avait été inspirée par le patient-centered medical home autour duquel le primary care était invité à se réorganiser en Amérique du Nord et plus directement par divers travaux menés au début des années 2000. Ainsi, une équipe de l’université du pays de Galles, associée à des Hollandais et des Anglais, avait publié une maturity matrix dédiée à l’organisation des soins primaires (huit dimensions y étaient précisées, dont deux consacrées aux patients – le partage d’informations avec ceux-ci et les retours qu’ils pouvaient exprimer).

En pratique, une matrice de maturité permet de guider et, le cas échéant, d’apprécier le degré de développement d’une organisation. Ainsi, s’agissant de l’implication des patients, elle peut être pratiquement inexistante ou plutôt significative avec, par exemple, une participation au projet de santé ou l’expression de la "satisfaction". Et si l’attention croissante portée aux perceptions et aux attentes des malades est désormais bien reconnue comme un facteur de "qualité des soins", les retours positifs exprimés par les patients peuvent être déterminants pour conforter les organisations développées par les professionnels.

 

Maintien à domicile : qualité de vie et management des symptômes

C’est le cas dans les nombreux pays qui ont développé le secteur ambulatoire depuis une vingtaine d’années. Ainsi, une synthèse publiée à l’été 2022, commence par reprendre l’argument classique selon lequel le vieillissement de la population conduisait à développer le maintien à domicile de manière à limiter les frais de "structure" liés à l’hospitalisation. Mais bien d’autres aspects positifs se sont révélés à l’usage. Avant tout, la qualité de vie des patients, bien supérieure quand ils sont traités à domicile ou en ambulatoire comparativement à une hospitalisation classique, y compris quand les soins comportent une dimension éducative ou de réhabilitation ; et aussi les aspects pratiques de l’accès aux soins, largement plus aisé en ambulatoire et encore plus en maintien à domicile. Également, des considérations, souvent méconnues, mais que l’on commence à envisager comme les déterminants de santé, sociaux ou environnementaux, plus explicites quand le patient est à son domicile ou traité en ambulatoire. Enfin, plusieurs travaux récents attestent de la pertinence de l’organisation de soins palliatifs et de soins "fin de vie" au domicile ; en particulier, pour le management des symptômes, où les situations apparaissent moins difficiles dans le cadre du maintien au domicile. L’ensemble de ces résultats peuvent de surcroît être encore sensiblement améliorés par un usage maîtrisé des diverses fonctionnalités de télésanté.

Pour finir, une organisation des soins priorisant l’ambulatoire et le maintien à domicile, telle qu’une majorité de patients la plébiscite, obtient – selon des cliniciens universitaires de Johns Hopkins – des résultats probants sur les critères tout à fait classiques de l’efficience de soins, comme la durée des épisodes morbides, les taux de récidive et de retour aux urgences ou encore le coût financier des soins.

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