Article publié dans Concours pluripro, juin 2025
 

Comment est né le sport sur ordonnance à Strasbourg ?

Je suis médecin généraliste, et j'ai toujours recommandé le sport-santé dans mon cabinet... tout en me rendant compte que cela ne marchait pas toujours très bien. Il y avait pourtant des preuves scientifiques montrant que l'activité physique est un "médicament" pour les maladies chroniques, et comme j'étais adjoint au maire de Strasbourg en charge de la Santé, j'ai proposé que cela soit prescrit. En avril 2012, nous avons commencé par prescrire du vélo pour certaines maladies, puis cela a évolué pour toucher tout type d'activités physiques et de pathologies.

Quel est le coût pour les patients ?

À Strasbourg comme dans certaines autres villes, il y a une prise en charge totale de l'activité physique adaptée sur prescription médicale pendant six mois, et un tarif solidaire pendant six mois supplémentaires. Et sur l'impulsion de notre ville, la région Grand Est a mis en place le dispositif Prescrimouv, qui est très similaire. Mais il subsiste des inégalités territoriales, avec certaines régions qui ne donnent rien.

Quel peut être le rôle des structures pluriprofessionnelles pour le développement de l'activité physique adaptée ?

Ce sont des acteurs majeurs qui peuvent avoir différents niveaux d'implication. À Strasbourg, par exemple, nous avons un éducateur qui va directement dans les maisons de santé pour inclure des patients dans le programme. Il est rémunéré par la ville, fait des bilans médico-sportifs et peut parfois mettre en place des activités physiques au sein des structures quand il y a de la place. Dans d'autres lieux, les MSP peuvent devenir des maisons sport-santé, trouver des ressources et salarier des éducateurs sportifs. Les CPTS peuvent également salarier un éducateur itinérant.

En plus de l'axe de l'activité physique à visée thérapeutique, on peut aussi mentionner l'axe environnemental car la part la plus importante du bilan carbone d'une MSP est attribuable aux déplacements, il faut donc favoriser les modes de déplacement actifs.

Peut-on imaginer, demain, une prise en charge du sport-santé par l'Assurance maladie ?

Nous travaillons beaucoup sur ce sujet, en lien avec un certain nombre de députés, et lors du PLFSS pour 2024, nous avions failli réussir : le gouvernement avait lui-même déposé un amendement pour une prise en charge dans le cadre du diabète et du cancer, mais cela a été retiré. Nous avons rencontré le directeur général de l'Assurance maladie à l'occasion de la remise du rapport Delandre, qui semble favorable... Tous les voyants sont donc au vert, à l'exception du contexte politique instable. C'est une histoire qui est devant nous, je suis convaincu que la prise en charge par l'Assurance maladie se fera. La seule question est de savoir quand cela finira par arriver.

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