Article publié dans Concours pluripro, mai 2025
 

Dispositif expert régional (DER) depuis 2024, l'Association pour la prévention du suicide et du mal-être adolescent (Asma) participe à l'accompagnement psychique des moins de 18 ans après une tentative de suicide et oeuvre à prévenir le risque de récidive. Créée en 2002 par des médecins urgentistes et des psychologues de l'hôpital de La Timone (AP-HM) qui, de manière empirique, s'étaient rendu compte que les adolescents pris en charge aux urgences pour une tentative de suicide y revenaient les mois suivants, pour réitération, faute de suivi thérapeutique mis en place. "L'association a été fondée pour leur proposer un suivi en ville par l'intermédiaire d'un soutien téléphonique", indique Émilie Stella-Lyonnet, cadre de santé au sein du DER Asma.

Émilie Stella-Lyonnet, cadre de santé au DER Asma © E.S.-L.
Émilie Stella-Lyonnet,
cadre de santé
au DER Asma © E.S.-L.

Après avoir oeuvré un temps bénévolement, l'association a bénéficié de financements du fonds d'intervention régional (FIR), ce qui a permis de professionnaliser cette démarche de sécurisation du parcours de soins des jeunes, en salariant des professionnels : psychologues, infirmières, éducateurs spécialisés, assistantes sociales... Dans les années 2010, le réseau a traversé des difficultés en termes de reconnaissance, mais la publication, en 2015, des écrits du psychiatre Guillaume Vaiva, démontrant l'importance de la veille téléphonique pour réduire les risques de réitération suicidaire, a légitimé les actions de l'Asma. Dans un premier temps limité à Marseille, son champ d'intervention s'est élargi, depuis 2018, à l'ensemble de la région.

 

Des référents de situation

L'Asma dispose d'une file active de 650 patients. "La veille téléphonique, qui fait partie de la stratégie multimodale de prévention, représente notre coeur de métier", insiste Émilie Stella-Lyonnet. Toute personne mineure ayant effectué une tentative de suicide doit être inscrite dans un dispositif de veille et de recontact, car cela diminue de 38 % le taux de réitération, estime Santé publique France. Ainsi, 80 % des jeunes sont orientés vers le DER par les services d'urgence, 15 % par les enseignants et infirmières de l'Éducation nationale et 5 % par les structures d'aval (CMP, maisons des adolescents, professionnels libéraux ou de l'aide sociale à l'enfance, protection judiciaire de la jeunesse).

La demande se fait via un formulaire sécurisé en ligne. "Une fois alertés, on recueille le consentement du jeune, en sachant que l'adhésion au dispositif est élevée", souligne-t-elle. Chaque adolescent se voit attribuer un référent de situation qui joue le rôle de veilleur et de coordonnateur de parcours. Il l'appelle dix jours après sa tentative, puis à un, deux, trois, six et neuf mois. "Les appels sont renforcés lors de ces périodes identifiées comme les plus à risque de réitération. Au téléphone, il échange avec lui, prend de ses nouvelles et assure une évaluation du risque suicidaire." En cas d'inquiétude, il peut appeler l'adolescent plus fréquemment, voire déployer l'envoi de secours s'il estime qu'un risque est imminent.

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