Article publié dans Concours pluripro, avril 2024
 

Voilà plus de vingt années que l'expression "patient-centered" est largement usitée dans les nombreux pays où l'anglo-américain domine. À l'instar des "patient-centered medical homes" (PCMH) d'Amérique du Nord – l'équivalent de nos maisons de santé – où divers professionnels de santé se regroupent de manière à assurer, dans la continuité, un suivi adapté pour chaque patient.

Il reste que ce "patient-centered" est encore méconnu, ou même incompris, sinon ignoré partout où la maladie (si ce n'est le médecin lui-même) continue de représenter le centre de gravité du système de soin.

Pourtant, les choses changent. Déjà formalisé ou encore balbutiant, le "savoir expérientiel", apanage des malades – d'autant plus développé que les pathologies se chronicisent et perdurent – commence à constituer un corpus qui peut se révéler déterminant pour réorienter les décisions qui émaillent le suivi d'un malade. Plus généralement, les évolutions sociétales font que les compétences relationnelles du médecin, singulièrement avec les patients et leur entourage, sont maintenant intégrées aux autres compétences qui font le "bon" médecin, comme le montre l'illustration (voir ci-dessus) proposée depuis 2015 par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Si bien que se pose la question de la place que peuvent prendre les patients dès la formation initiale des étudiants.

 

Ressenti et interactions

Dans l'"Oxford Textbook of Medical Education", ouvrage de référence publié au Royaume-Uni en 2013, deux enseignants-chercheurs de l'université canadienne de Colombie-Britannique font un point utile sur l'engagement des patients dans la formation des étudiants. Ils situent le début de l'évolution à la fin des années 1990, quand les malades, qui avaient joué de tout temps un rôle passif, ont commencé d'assumer une présence active dans les écoles de médecine. Au passage, les auteurs soulignent le retard que la médecine accusait, au regard d'autres filières de formation aux professions de santé. À l'évidence, les étudiants sont intéressés par la participation des malades à l'enseignement, fondée avant tout sur leurs témoignages à la fois de leur ressenti de la maladie et sur les interactions avec les soignants. Au-delà, des études à plus long terme font toujours défaut pour démontrer les éventuels impacts positifs sur les compétences relationnelles des médecins.

Fort opportunément, une conférence donnée en France en 2018 par la même enseignante (Angela Towle) a fait l'objet d'une transcription écrite en français et aisément accessible. On y trouve une classification permettant de caractériser en six niveaux distincts – sans toutefois de hiérarchie entre eux – l'engagement des patients auprès des étudiants et des enseignants.

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