En ces temps de forte pénurie médicale, d’une qualité des soins dégradée ressentie par les professionnels de santé, d’explosion des passages et des violences dans les hôpitaux, quelle place et quel rôle pour les centres de santé – et plus largement les structures de premier recours – dans le système de soins ? « Service public de santé, l’urgence ». Si la thématique du 59e Congrès national des centres de santé, les 3 et 4 octobre prochain, s’articulera autour de ce contrat d’engagement, il sera surtout question de l’avenir des soins de proximité.

Comment imaginer demain le modèle français au vu des différentes réformes annoncées et amorcées ? Quelle responsabilité pour quels acteurs (professionnels de santé, pouvoirs publics, patients) ? Les centres de santé occupent une place essentielle dans l’organisation territoriale car la question des déserts médicaux – encore brûlante – n’a pas été résolue. Quelle articulation imaginer entre ces structures et les autres acteurs : maisons de santé pluriprofessionnelles, communautés professionnelles territoriales de santé, plateformes territoriales d’appui mais aussi établissements de santé et médicosociaux… ?

 


Karen Ramsay, rédactrice en chef

 

En 2018 (1), 2 140 centres de santé ont été recensés. Pourtant, cet exercice ne représente qu’une toute petite partie de l’ambulatoire… Conséquence de l’image, souvent véhiculée, d’un mode d’exercice « sous perfusion », symbole de perte de liberté du soignant qui, en se plaçant sous un lien de subordination, perdrait toute indépendance ? Libéral/salariat, la guerre des clans – bien que dépassée – perdure encore… alors même que le modèle d’exercice regroupé semble être devenu un gage de qualité, et que la jeune génération – et quelques vieux sages – plébiscite ce statut permettant de concilier vie personnelle et vie professionnelle, de favoriser le travail en équipe et la relation patient…

Car au-delà du modèle adopté, ce qui plaît dans l’exercice structuré, c’est la possibilité d’avoir une vie en dehors de celle de soignant. Mais aussi, parallèlement, d’être un soignant plein et entier : celui qui pourra faire de l’éducation à la santé, assurer et suivre le parcours de son patient au-delà des murs de sa structure, prendre le temps d’écouter, de conseiller, d’accompagner… Parler tout à la fois aux MSP, centres de santé, professionnels hospitaliers et libéraux, structures médicosociales… Ce n’est qu’ainsi que le système de santé pourra enclencher un vrai virage ambulatoire, sans cesse amorcé mais trop timidement engagé.

1. Chiffres de l’Observatoire des centres de santé (FNCS).

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