Article publié dans Concours pluripro, mars 2024
 

Voilà des années que dans la plupart des pays développés, les pouvoirs publics (et l'opinion) ont été alertés des difficultés pesant sur l'exercice des professionnels de santé assurant le premier recours... Difficultés d'autant plus malvenues que, dans ces mêmes pays, ce premier recours, et plus largement l'ambulatoire, était affiché comme prioritaire pour réorganiser les systèmes de soin et assurer leur soutenabilité menacée.

Pour l'essentiel, ces difficultés étaient bien identifiées et traduites par une désaffection accrue des plus jeunes pour s'engager dans les soins primaires, tout comme des plus anciens anticipaient leur cessation d'activité. Comme cause de cette désaffection, la relative insuffisance des rémunérations était évidemment évoquée, mais chacun pointait comme déterminant essentiel la pénibilité et les contraintes croissantes d'un exercice quotidien dont la reconnaissance professionnelle et sociale s'étiolait ou se trouvait même contestée.

Dans tous les pays concernés, diverses mesures de revalorisation ont été engagées depuis les années 2000, réactivant la priorité accordée aux soins primaires et s'appliquant notamment au cadre des formations initiales et aux rémunérations... sans que, pour autant, les difficultés inhérentes à la charge du premier recours s'en trouvent résolues.

 

La clé ? L'outil de travail

La littérature internationale, qui aborde cette question des difficultés vécues par les professionnels, est très fournie et souvent accessible sous le terme devenu à la fois générique et pratiquement francisé de burn out. Cet épuisement professionnel concerne, semble-t-il, des proportions pratiquement majoritaires des effectifs de médecins et tout autant – sinon davantage – pour les autres professions soignantes, à tel point que les employeurs publics ou privés multiplient les initiatives (et consacrent des budgets considérables) pour pallier les démissions ou les réorientations/cessations professionnelles.

Une des formules qui exprime le mieux le malaise tout en ébauchant la solution possible est le fait de la revue Medical Economics, dédiée aux aspects financiers et organisationnels du système de soin. Ainsi, sa livraison de mars 2023 annonce en manchette : "The key to fixing physician burnout is the workplace, not the worker". Ce qui peut se traduire en spécifiant – tout en saluant la concision et l'impact de la formulation en anglais – que la solution pour résoudre les questions de burn out se situe dans l'outil de travail (dans les conditions d'exercice) et non pas chez le soignant lui-même.

Il est vrai que cette livraison se bornait à reprendre les arguments développés et les conclusions formulées au terme d'un webinaire organisé quelque temps auparavant par l'American Medical Association (AMA), organisation professionnelle représentative des 900 000 médecins américains et remarquablement dynamique. Au-delà de la formule choc prononcée lors du webinaire de l'AMA, bien d'autres documents font des constats comparables et proposent un ensemble de solutions. C'est en particulier le cas de l'Agency for Healthcare Research and Quality (AHRQ), dont les missions sont proches de celles de notre HAS.

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