Pour l’exécutif, cette rentrée est particulièrement délicate : dette qui désormais flirte avec les 100 % de la création de richesse, croissance qui ralentit, déficit plus lourd qu’attendu, sondages d’opinion au plus bas. Pour se refaire, le président Macron peut difficilement miser sur l’international, à l’heure où l’Europe trébuche face aux populismes exacerbés par les peurs issues des courants migratoires. Sur la scène intérieure, le président mise désormais sur le social pour reconquérir une partie du terrain perdu, avec d’une part un plan contre la pauvreté, d’autre part un plan pour la santé, ce dernier articulé autour d’un décloisonnement entre médecine de ville et hôpital, pour un meilleur accès à des soins de qualité.



Dr Alain Trébucq, directeur de la publication

Depuis des lustres, ce décloisonnement est régulièrement évoqué, puis différé. Car du fait de l’absence de fongibilité des enveloppes budgétaires sectorielles, toutes les annonces en faveur d’un tel décloisonnement n’ont été jusqu’à présent que des vœux pieux. La politique du rabot, efficace pour maîtriser les comptes, a remplacé l’audace, mais provoqué l’ire de tous, du public au privé, du médical au social, des professionnels de santé aux industriels de santé. Et les patients ne sont pas en reste, qui attendent parfois des mois le rendez-vous souhaité. Le politique a trop longtemps ignoré la transformation de nos besoins de santé, désormais dominés par ceux d’une population vieillissante souffrant de pathologies chroniques.

Restant ultraperformant pour répondre à l’aigu, notre système de santé manque singulièrement d’efficience pour gérer le chronique, organiser une prise en charge pluriprofessionnelle impliquant le patient et faisant naître de nouveaux métiers tandis que les frontières des existants sont à redéfinir. La santé est le bien suprême que l’on défend pour ses proches comme pour soi. À l’heure où ce bien peut sembler menacé, les risques pour le président sont grands de n’être pas jugé à la hauteur du défi à relever. Un discours* centré sur un système de santé davantage tourné vers la prévention ne suffira pas à répondre aux attentes.

Ce que les acteurs de la santé attendent aujourd’hui, c’est d’abord de l’audace, ensuite de la confiance. L’audace, c’est celle d’entreprendre enfin la vaste transformation de notre système de santé, portée par une vision budgétaire globale, permettant d’optimiser les parcours de soins en y intégrant l’innovation, thérapeutique, technologique et numérique, bousculant au passage les citadelles et les pouvoirs qui les gouvernent. L’audace, c’est aussi de donner aux soins primaires les moyens de relever le défi de l’ambulatoire. La confiance, c’est celle qu’il convient d’accorder aux acteurs qui veulent être les moteurs du changement. Car ni les idées ni les initiatives de transformation organisationnelle ne manquent, comme en témoignent les nombreuses contributions conçues dans le cadre de l’article 51.

* À l’heure où nous mettons sous presse, le président Macron ne s’est encore exprimé ni sur le Plan pauvreté ni sur le Plan santé.

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