Ils se parlent, s'interrompent, se complètent, se contredisent, rigolent… Entre eux, l'ambiance est plutôt détendue. Et ce vendredi matin, Martine Goret et son fils Dimitri sont en vacances, installés tous deux dans la cuisine du jeune kiné, qui arbore une jolie crédence en damier. Mais les éclats de rire doivent être mesurés car à côté dort Loan, le bébé de Dimitri et de Lucie, sa compagne, âgé de deux ans.

"Je suis infirmière libérale depuis trente ans", confie d'emblée Martine Goret qui, depuis toujours, a évolué professionnellement dans un esprit collaboratif. "J'ai exercé dans un cabinet de groupe à La Pouëze, nous étions 3 infirmières libérales mais il y avait aussi un kiné – Nicolas – dans le même bâtiment donc on se parlait souvent…" se souvient-elle. Les infirmières sont contactées par Jean-François Moreul [médecin généraliste et aujourd'hui président de la FCPTS, NDLR] dès l'amorce du projet de santé du Pôle de santé Ouest d'Anjou (Pays de la Loire), une maison de santé multisite répartie entre La Pouëze, Bécon les Granits et Louroux Beconnais. "On voulait bien tout essayer, lance Martine. Les nouvelles aventures, on aime bien ! Et puis, dans notre cabinet de groupe, on ne travaillait pas – ou peu – avec les médecins généralistes. Et on s'est dit qu'une maison de santé aiderait à installer des projets communs ainsi qu'une communication renforcée…" Ni une, ni deux, les infirmières se lancent et participent à la création du projet de santé de la MSP La Pouëze et in fine du Pôle de santé Ouest d'Anjou inauguré en 2010.


Dimitri et Martine Goret – crédit : D.G.


À 27 ans (avec un frère jumeau Baptiste et une plus jeune soeur Justine), Dimitri a toujours connu sa mère avec cette casquette d'infirmière libérale. Dès sa sortie d'études, il avait "une place au chaud dans la maison de santé", s'amuse-t-il, avouant que son choix d'exercice a été orienté indirectement par celui de sa mère… mais aussi par son collègue kiné libéral. "On a toujours vécu à La Pouëze, et maman connait Nicolas depuis son enfance."

Une touche familiale que les deux professionnels ont amenée au sein de la maison de santé. "Tout le monde connaît maman donc tout le monde me connaît. Les patients savent qu'on est de la même famille et quand ils me croisent en sortant de la consultation infirmière, ils disent 'Oh c'est votre fils qui est là. Il est mignon !'", lance-t-il en rigolant, avouant aussi qu'il serait "bizarre" d'appeler sa mère par son prénom.

Parlent-ils souvent de leur quotidien professionnel lors des réunions de famille ? Si Martine et Dimitri s'interrogent mutuellement du regard, Lucie – infirmière au CHU d'Angers et parfois en voix-off – lance un "Nooon !" qui semble les rassurer. "On parle de temps en temps de patients en commun mais pas pendant les repas de famille", s'empressent-ils d'ajouter. Et s'ils admettent ne pas avoir eu de gros conflit, ils se souviennent de ce patient en fort besoin de mobilisation et pour lequel l'infirmière a été plutôt insistante : "Les soins de dépendance peuvent sembler peu attractifs, pourtant ils sont nécessaires et indispensables. Et on a dû échanger, parfois de façon un peu appuyée, sur la nécessité de maintenir cette mobilisation car sinon nous autres infirmières, on aurait eu plus de mal…"

Finalement, "on ne se croise pas souvent, parce qu'on n'a pas forcément les mêmes horaires", glissent-ils. "Mais quand je suis à la MSP, je passe une tête pour faire un petit coucou à maman…", sourit Dimitri. Une proximité que Martine "vit très bien", assure-t-elle : "Dimitri a toujours voulu être kiné, et mon mari et moi l'avons suivi dans son projet… sans forcément le pousser vers cette voie." Ce que confirme le jeune kiné : "C'était de l'accompagnement, parfois un peu actif mais toujours bienveillant…" Et puis, "on rigole bien ensemble, lancent la mère et le fils, collègues depuis trois ans au sein du Pôle de santé Ouest d'Anjou. "Ce n'est pas la foire… mais des fois, ça l'est aussi !"

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