"160 000 enfants sont victimes de viols et d'agressions sexuelles chaque année : il faut aller les chercher pour les mettre en sécurité. Il y a urgence. Dans tous les lieux de vie fréquentés par les enfants, il y a des enfants victimes", écrit la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) qui publie les deux outils de formation intitulés "Mélissa et les autres", à destination notamment des médecins, enseignants, policiers et gendarmes, magistrats, travailleurs sociaux et avocats.  
Inspiré des livrets de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), le livret de formation les outille en listant des exemples de questions à poser: "Est-ce-que quelqu'un t'a fait du mal" ou "Est-ce-que quelque chose te fait souffrir?" et, au contraire, de phrases à ne pas dire "Je n'en parlerai à personne, cela restera entre toi et moi". 

 

@Ciivise

 

 

Le film, réalisé par Johanna Bedeau, doit quant à lui susciter l’attention et la réflexion en les centrant sur les émotions et les besoins de trois jeunes filles qui ont été victimes de violences sexuelles. Si ce court-métrage évoque des faits d’inceste, les réflexions qu’il inspire doivent être prises en compte pour toutes les violences sexuelles, incestueuses ou non.

Des différentes formes de violence à la chaîne de protection

La première partie du livret, intitulée "Les violences sexuelles faites aux enfants : de quoi parle-t-on ?" rappelle que "les violences sexuelles ne sont jamais accidentelles mais bien l’aboutissement d’une véritable 'stratégie de l’agresseur', qui s’organise en plusieurs temps : l’agresseur choisit la victime, l’isole et inverse la culpabilité. Il impose le silence, il recherche des alliés, il assure son impunité." Elle met également l'accent sur les cyberviolences sexuelles, mettant en avant que 3 à 4 élèves par classe ont déjà reçu des sextos sans leur consentement. Un rappel de ce que prévoit la loi en cas d'infraction pénale est également présenté.

En outre, le livret propose des données chiffrées sur l'inceste : 60% des femmes et 37,5% des hommes rapportant des violences sexuelles avant leur majorité mettent en cause des membres de la sphère familiale ou de l’entourage proche.

 

La deuxième partie de "Mélissa et les autres", traite des conséquences des violences sexuelles. "Il y a un tableau clinique des enfants victimes de violences qu'il faut être capable d'identifier : douleurs somatiques, difficultés d'expression, changement brutal de comportement...", explique la Ciivise.

La troisième partie est consacrée aux spécificités d'une intervention auprès d'une jeune victime : entretien, repérage systématique, action du professionnel face à la stratégie de l'agresseur...

Dans le chapitre dédié à la "chaîne de protection", le livret rappelle où et comment trouver de l'aide et quelles sont les obligations du professionnel.

L’objectif du livret est donc de consolider les compétences des professionnels dont les fonctions les mettent en contact direct avec les enfants. Conçu en partenariat avec des représentants des ministères de l’éducation nationale (DGESCO), des solidarités (DGCS), de l’intérieur (DGPN et DGGN), de la justice (DPJJ et ENPJJ) et de l’école nationale de la magistrature, il va permettre de diffuser des repères clairs et structurants pour favoriser le repérage des enfants victimes et accompagner le signalement aux autorités compétentes.

 

 

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