Du 21 au 27 novembre dernier, les habitants de Brest ont pu participer à un défi singulier : laisser de côté leur smartphone pendant une heure chaque jour. Un challenge lancé par Yannick Guillodo, médecin du sport et cofondateur de l’Université citoyenne de prévention en santé de Bretagne occidentale (UCPS-BO), et en partie financé par l’agence régionale de santé. Cinq mois après, il dresse un premier bilan. "1097 personnes ont répondu au premier questionnaire en ligne : cela ne correspond pas forcément au nombre réel d’habitants qui ont participé, mais à ceux qui ont ensuite pris le temps de répondre." Une réussite donc, puisque le praticien espérait atteindre une cohorte d’au moins 1 000 personnes.

Sur cette semaine de challenge, un profil type a été établi pour les participants : l’âge moyen est de 38 ans, ce sont en grande majorité des femmes (71 %), 30% sont en surpoids ou obèses, et 60% ont un bac+3 ou davantage. De plus, 41 % des participants sont des cadres ou professions intellectuelles supérieures.

"En moyenne, les gens passent chaque jour 3h15 devant leur smartphone. Cette donnée augmente à 4h30 pour les plus jeunes, et baisse pour les plus âgés. Elle est aussi plus importante pour les personnes en surpoids (IMC 25 à 30), en obésité modérée ou sévère (IMC 30 à 35, 35 à 40), puisque ce temps passe à 4h06 quotidiennement, détaille Yannick Guillodo, qui avoue ne pas être pas très étonné de ce résultat. Le smartphone est une incitation permanente à la consommation. On sait que lorsque l’on reste assis à regarder un écran, on a davantage tendance à déstructurer son alimentation en grignotant plus. On fait aussi face à une pression marketing énorme."

Un deuxième questionnaire a été envoyé aux participants quelque temps après la semaine de défi. 520 personnes y ont répondu. Parmi elles, un quart dit avoir réussi à baisser leur consommation d’une heure par jour. Globalement, deux tiers ont réussi à diminuer – mais pas forcément jusqu’à une heure – et un tiers n’y est pas parvenu. "D’un côté, cela ne nous surprend pas vraiment qu’un tiers n’ait pas réussi, mais d’un autre, c'est inquiétant. Cela signifie que même lors d’un challenge, où l’on s’est inscrits volontairement, même en essayant, on n’arrive pas à réduire… Cela prouve une certaine addiction comportementale", estime le médecin.

Plus de bien-être et meilleur sommeil

Avant le défi, Yannick Guillodo expliquait que réduire son temps d’écran chaque jour aurait un impact positif sur les trois piliers d’une bonne santé : l’activité physique, l’alimentation de qualité et le sommeil réparateur. Des questions sur ces thématiques-là ont donc été posées aux participants. "Nous ne pouvons pas donner une statistique, mais les scores sur le sommeil et le bien-être des Brestois ayant réduit leur temps d’écran se sont améliorés." Ce qui est un très bon point puisque le médecin rappelle que nous avons perdu en moyenne une heure et demie de sommeil en cinquante ans. "Le fait de scroller sur son smartphone, notamment avant de dormir est très mauvais, car la lumière bleue de l’écran inhibe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil."

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