Depuis l’entrée en vigueur de l’obligation de présenter une carte Vitale en pharmacie pour bénéficier du tiers payant sur certains médicaments dits "à risque", la Fédération Addiction constate une multiplication des ruptures de traitement chez les patients suivis pour troubles addictifs. "Des usagers ne peuvent plus obtenir leurs médicaments en pharmacie, faute de carte Vitale", alertent les professionnels du réseau, qui rassemble médecins, soignants et travailleurs sociaux.
Les médicaments concernés incluent notamment la méthadone, le méthylphénidate ou certains traitements onéreux. L’Assurance maladie justifie cette mesure par la volonté de "limiter la fraude", "prévenir les détournements de médicaments sensibles" et "améliorer la traçabilité du parcours de soins". Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe : "la perte ou l'absence de carte Vitale est fréquente et les démarches pour en obtenir une nouvelle sont complexes et longues", souligne la Fédération.
Ces difficultés concernent en particulier les patients suivis en CSAPA (Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) ou en médecine générale, pour lesquels l’accès aux traitements est un enjeu vital. "En conditionnant l’accès aux soins à la carte Vitale, on prend le risque de provoquer des rechutes, des hospitalisations, voire des surdoses", avertit l’organisation.
La Fédération Addiction demande la mise en place urgente d’une "dérogation claire et systématique" pour les publics les plus vulnérables, estimant que "cette mesure est inapplicable pour des usagers en grande difficulté et revient à exclure du soin les personnes les plus fragiles".
[Avec l’AFP]