L’ANDPC vient de lancer une offre de formation interprofessionnelle. D’où est venu ce besoin ?

L’idée, c’est de proposer désormais des actions de DPC interprofessionnelles en appui à l’exercice coordonné. La ministre de la Santé a souhaité qu’on fasse un focus particulier sur l’appui au développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). On a, dans notre offre, des actions qui, à la base, ont été prévues pour un public constitué de plusieurs professions. Dans ces actions pluriprofessionnelles, on ne travaille pas forcément la façon dont, dans le cadre d’une prise en charge, les différentes professions s’interfacent. Ils assistent simplement à la même formation, dans la même salle.

Autre problème : autour de la table sont, dans ce cadre, un médecin de Brest, une infirmière de Marseille, un pharmacien de Bordeaux… En clair, que des personnes qui ne travaillent pas ensemble au quotidien. C’est cela qui a fondé l’appel à projets pour créer une offre pour se concentrer sur les compétences interprofessionnelles. L’idée, c’est de travailler sur la non-rupture de parcours. On sait ainsi qui fait quoi, on sait à qui passer la main, quand, pourquoi… Et, surtout, cela doit concerner des équipes qui travaillent ensemble. C’est-à-dire que dans notre projet, les formations doivent s’adresser à des équipes d’un même territoire de santé. Ils ne vont pas forcément venir s’inscrire mais c’est l’organisme qui va approcher ces équipes pour leur proposer de travailler ensemble autour d’une thématique.

Quelles seront les thématiques ?

Aujourd’hui, les actions sont essentiellement méthodologiques. Comment, par exemple, faire un bilan de territoire ou un protocole de prise en charge conjointe ? L’objectif, à terme, c’est de répondre à des sujets thématiques sur la prise en charge de telle ou telle pathologie. On va aussi demander aux organismes de développer d’autres actions à partir du mois de mars.

Il y a, pour l’instant, six organismes (voir ci-dessous) qui proposent de la formation interprofessionnelle. Quelle sera l’indemnisation prévue ?

Le tarif est unique et uniforme entre tous les professionnels de santé. La prise en charge pédagogique est aussi la même pour tout le monde. Aujourd’hui, par exemple, la prise en charge pédagogique pour un médecin est de 95 euros de l’heure, et 23 euros pour une sage-femme. On a donc décidé que le forfait pédagogique pour l’interprofessionnalité, quel que soit le professionnel, serait de 67 euros. L’indemnisation du professionnel reste, elle, évidemment variable puisqu’elle est assise sur la lettre-clé. On estime aujourd’hui qu’un médecin qui vient se former perd plus de revenus qu’une infirmière, par exemple. 

Quel est le poids du « e-learning » dans la formation DPC ?

Aujourd’hui, l’e-learning est indemnisé de la même manière que toutes les autres formations. Cependant, on se pose la question pour 2021. Il y a deux types d’e-learning : la formation à distance, très pratique mais qui ne fonctionne pas vraiment parce que cela correspond à regarder un diaporama pendant trois heures. En revanche, il existe un type d’e-learning très intéressant qui couple le cours avec de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Les soignants sont actifs : ils peuvent s’auto-évaluer, entrer leurs résultats qui seront analysés, et même comparer leurs résultats avec ceux d’autres médecins. Encore mieux : il existe de la consultation simulée. Vous comprenez donc que tout ne peut pas être rémunéré de la même manière. 

Réaction

L’ANDPC face aux critiques de la Cour  des comptes

Un dispositif « flou », un encadrement « inefficace », des contrôles « lacunaires » … La Cour des comptes a adressé en avril dernier un référé à Agnès Buzyn sur l’ANDPC. Michèle Lenoir-Salfati, sa directrice, répond aux critiques : « Depuis 2017, l’ANDPC a mis en œuvre une politique de contrôle renforcé chaque année. Aujourd’hui, nous avons 3 200 organismes et 20 000 actions par an. Le contrôle est donc complexe. Mais on ne peut plus dire que les financements sont “généreusement distribués et sans contrôle”. Ils l’ont été, clairement. À mon arrivée en juillet 2016, j’avais noté que 11 millions d’euros avaient financé des actions autour de prises en charge thérapeutiques non conventionnelles (Pilates, massage thaïlandais…). C’est quelque chose que j’ai arrêté tout de suite. Aujourd’hui, nous avons mis en place quatre niveaux d’action : contrôle systématique des actions de DPC avant publication et vérification de la conformité avec les orientations prioritaires ; contrôle de leur qualité pédagogique et scientifique par des commissions scientifiques indépendantes ; dispositif ouvert aux professionnels pour signaler tout dysfonctionnement, fraude ou discours déviant ; plus grand pouvoir de contrôle de l’agence. Pour la formation interpro, une commission a été mise en place, associant des professionnels des commissions scientifiques indépendantes (CSI) et des ARS. Aucune action n’est publiée avant le passage devant cette commission qui juge de la conformité avec les orientations prioritaires, de l’intérêt pédagogique et scientifique et de l’intérêt de l’action au regard des logiques territoriales. » 

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