Médecin nutritionniste à Saint-Brieuc en Bretagne, Marie-Hélène Lorand-Benech se voit proposer en 2017 par le Collège des hautes études en médecine (Chem) d’animer une journée de formation sur la dénutrition chez la personne âgée, dédiée aux pharmaciens, préparateurs en pharmacie et infirmières libérales. Objectif : « amener le professionnel à jouer pleinement son rôle en matière de prévention, de dépistage et de compréhension des prescriptions », explique l’organisme de formation. « Possédant un diplôme d’études spécialisées complémentaires (DESC) de nutrition et membre de la Fédération nationale des associations médicales de nutrition (Fnamn), mon profil leur semblait adéquat », précise Marie-Hélène Lorand-Benech, qui accepte la proposition du Dr  Laetitia Knockaert, référente pharmacie au Chem, d’animer cette journée en binôme avec Nyse Jounent, diététicienne à Planguenoual.

La dénutrition concernant principalement les personnes âgées (10 % vivent à domicile)*, la formation « Nutrition orale, entérale, parentérale : pour qui ? comment ? » a abordé les questions de dépistage, de prévention et d’accompagnement. Quelles sont les situations à risque ? Comment apporter un conseil adapté ? Comment choisir le bon complément nutritionnel oral (CNO) et faciliter l’observance ? Quel est le rôle du pharmacien et de l’infirmière dans la prise en charge et le suivi de la dénutrition ? 

Conseiller et enrichir

Tout au long de la journée, la quinzaine de participants se sont penchés sur des situations concrètes et ont assisté à un atelier de présentation du matériel de nutrition entérale et parentérale. « Les rôles étaient bien définis : si Nyse Jounent s’est chargée de l’aspect pratique – comment enrichir la nourriture en cas de carences ? quelles recettes pour compléter l’offre d’un CNO ? –, je me suis concentrée sur la partie théorique : qu’est-ce que la dénutrition ? quels sont les signes qui doivent alerter ? quelle démarche à suivre ? comment amener le patient à prendre conscience de sa dénutrition ? », précise le médecin nutritionniste. 

Un questionnaire, fourni en amont de la journée, évaluait les connaissances et réflexes des participants. « En ville, les pharmaciens et les infirmières sont en lien direct. Et ils sont souvent les premiers à repérer une dénutrition chez le patient âgé. Ils peuvent donc faire remonter ces observations au médecin traitant. » Car si ce dernier prescrit des compléments oraux, le pharmacien peut conseiller, expliquer les préparations ou comment enrichir les aliments, ou encore les faire goûter, explique la médecin nutritionniste. D’autant, insiste-t-elle, qu’il y a une multitude de possibilités – produits neutres, sucrés, salés – pour s’adapter au goût du patient ou aux cas de diabète ou de constipation, par exemple.

Les difficultés soulevées par les participants ? « Faire dire au patient qu’il se sent mal et l’amener à le dire à son médecin traitant », précise la médecin nutritionniste. Après une première expérimentation en Bretagne (Vannes, Rennes et Saint-Brieuc), l’objectif est de déployer la formation courant 2020 à Paris, Lille ou encore Amiens, précise le Chem. 

*Chiffres du Chem. 

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