Article publié dans Concours pluripro, septembre 2025
"Sur le terrain, au contact de la population, une des conditions principales pour développer et soutenir des organisations et des initiatives améliorant les services aux patients réside dans le degré de "régionalisation" qui prévaut pour administrer les budgets consacrés à la santé. De ce point de vue, la France n'est pas dans une situation de leader. Ainsi, même s'ils augmentent régulièrement, le total des fonds d'intervention régionaux (FIR) – plus de 5 milliards d'euros tout de même – ne représente que des allocations de l'ordre de 2 % des dépenses de l'Assurance maladie, telles qu'elles sont projetées chaque année dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
D'autres pays comparables, en particulier les pays scandinaves, ont opté depuis longtemps pour une décentralisation et une régionalisation de l'administration de la santé. Ainsi en Suède, pays peuplé d'un peu plus de 10 millions d'habitants et où l'ensemble de la population bénéficie d'un accès universel aux soins, les textes constitutionnels ont inscrit, depuis près de quarante ans, les principes de décentralisation et de régionalisation. En matière de santé, c'est le gouvernement qui établit les grandes orientations de la politique et l'agenda, via des lois et des ordonnances ou encore des accords négociés avec les représentations professionnelles. Puis ce sont chacune des 21 régions (dotées de parlements élus) qui organisent les services de santé. Les régions, en particulier, décident de l'allocation des ressources. Enfin, ce sont les municipalités (290 sur l'ensemble du territoire suédois) qui interviennent – au terme de concertations entre représentants des professions de santé et associations d'usagers et de malades – pour que les soins primaires soient accessibles et assurés par les professionnels (majoritairement regroupés en associations pluriprofessionnelles et sous statuts publics ou bien privés). Ainsi, ce sont les municipalités qui veillent tout particulièrement à garantir aux malades porteurs d'affections de longue durée, aux personnes âgées et aux personnes souffrant de handicap l'accès à des soins de "proximité" et, le cas échéant, à des prises en charge davantage spécialisées*. Aux frontières de la Suède, l'organisation régionalisée des soins est comparable en Norvège ou au Danemark.