Ainsi, en Grande-Bretagne, et dans la galaxie du tout-puissant National Health Service (NHS), un document a été publié en avril 2023, intitulé "Comprendre l’écosystème de la recherche en soins primaires". Il s’agit d’un annuaire des ressources disponibles à l’intention des acteurs du terrain de la recherche en soins primaires. Sont ainsi répertoriés – et expliqués dans leurs attributions, leurs moyens et leur fonctionnement – les organismes professionnels (une quinzaine), les financeurs possibles publics et « non profit » (huit), les départements universitaires et académiques (cinq) qui peuvent aider et contribuer au développement de la recherche.
Dans son avant-propos, ce document proclame que la recherche est le facteur clé de l’innovation et des progrès aussi bien pour la science, les soins aux malades ou le bien-être des personnels de santé, puis constate (et déplore) que, jusqu’alors, la recherche, en Grande-Bretagne s’est surtout effectuée en secteur hospitalier avec des patients (et le spectre de leurs maladies) largement moins représentatifs des situations extrêmement variées qui prévalent en ambulatoire… D’où la nécessité de développer la recherche en soins primaires afin de mieux prendre en charge ces situations variées qui jusque-là sont mal connues et donc échappent le plus souvent au système de soins…
Et le document se termine en soulignant que les soins primaires ont le potentiel pour devenir le pilier de la recherche en santé au Royaume-Uni, particulièrement en tirant profit de l’interdisciplinarité (pluriprofessionnalité) qui le caractérise de plus en plus et de son insertion croissante dans les territoires et les populations qui s’y trouvent. C’est le moyen de mieux étudier des thématiques jusque-là négligées, comme les inégalités de santé ou encore les déterminants de santé.
De leur côté, les États-Unis affichent sur le site de la National Library of Medicine (NIH) un article en accès libre (publié en mars 2022 par Annals of Family Medicine, ce qui atteste la recherche de légitimité professionnelle) dont le propos ne constitue rien moins qu’une exhortation au développement de la recherche en soins primaires. En réalité, cet article a été rédigé par l’équipe dirigeante du département d’amélioration des pratiques de l’agence américaine AHRQ. Cette agence fédérale – à peu de choses près l’équivalent de notre HAS, avec cependant un budget annuel de l’ordre de 500 millions de dollars – oeuvre depuis une trentaine d’années pour l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins de santé.
Le point de vue exposé est simple : les soins primaires sont le pilier central autour duquel le système de soins américain doit se réorganiser… et pour cela la recherche (en soins primaires) doit apporter les preuves du bien-fondé de cette stratégie. À cette fin, l’AHRQ consacre une ligne budgétaire dédiée au développement des soins primaires et de la recherche correspondante.
Et au-delà, bien entendu, pour produire des résultats, il faut des data pertinentes et aisées à exploiter…