L’accord national actuel des centres de santé a été dénoncé le 2 avril dernier. La Fédération nationale des centres de santé (FNCS) a ainsi signalé à Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, "son opposition à la reconduction" de cet accord signé le 8 juillet 2015. Qu’attendent-ils de ce nouvel accord national ? Comment jugent-ils les grands axes définis par la lettre de cadrage des ministres de la Santé ? Nous avons interrogé Hélène Colombani et Jeanne Villeneuve, présidente et secrétaire générale de la FNCS, à quelques heures du lancement des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. 

 

Vous avez dénoncé l'accord national le 2 avril dernier et donc ouvert la possibilité de nouvelles négociations conventionnelles. Pourquoi cette décision ? 

Hélène Colombani : Les raisons sont multiples et se cumulent. Notre accord national est arrivé à échéance car la durée d'une convention a une durée de vie de cinq ans. Elle a été signée en 2015 et reconduite tacitement en 2020 car nous étions en pleine pandémie et, nous avions, les uns et les autres, de quoi faire...  

Nous aurions pu reconduire à nouveau tacitement cet accord, mais nous ne l'avons pas fait car il commence à dater et il y a eu beaucoup de changements et d'évolutions depuis. Nous avons besoin d'un modèle rénové qui correspond à notre organisation, à nos pratiques, à nos problématiques de suivi de patients chroniques et vulnérables.  

Notre modèle économique est inadapté, copié du modèle d'un professionnel de santé isolé... ce qui n'est pas approprié pour une structure. De plus, lors de la signature de l'avenant 5, ratifié en novembre 2023, Thomas Fatôme s'était engagé à promouvoir un nouveau modèle et de débuter de nouvelles négociations plus structurantes. Nous n'avons rien vu venir alors que d'autres négociations, comme celle des MSP, ont débuté. Nous avons donc préféré nous réfugier derrière un cadre réglementaire défini.  

Jeanne Villeneuve : Aujourd'hui, nous voyons qu'il y a vraiment péril pour les centres de santé. En 2024, plusieurs structures étaient en difficulté comme le centre de santé Richerand ou les centres de santé de la Croix-Rouge qui ont fermé leurs portes. Je crois que dans le contexte actuel de pénurie médicale, il est inconcevable de laisser des structures comme les nôtres, qui suivent énormément de patients et qui pratiquent le tiers-payant intégral, ce qui permet la prise en charge d'une certaine typologie de patients en faveur d'une réduction des inégalités de santé. On ne peut pas laisser ces structures fermées.  

Le modèle économique, qui ne correspond pas à nos activités, est à reconstruire, et c'est bien dans ce cadre que nous avons souhaité discuter avec l'Assurance maladie.  

 

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