Article publié dans Concours pluripro, mai 2024
 

Voilà plus de trente années que des médecins et soignants plus avisés que d'autres avaient initié des "réseaux de soins". Le nombre croissant de patients qui nécessitaient une coopération étroite et continue entre les différents professionnels de santé à leur chevet le justifiait. Ces réseaux étaient divers, thématiques, dédiés à une maladie chronique comme le diabète ou l'insuffisance cardiaque, ou bien précurseurs dans des réorganisations du système de soins comme le maintien à domicile des sujets âgés ou encore les transferts entre la ville et l'hôpital.

Souvent, ces réseaux cultivaient des relations jusque-là inhabituelles entre le "sanitaire" et le "social", au grand bénéfice des patients. De même, de nouvelles façons de faire, comme associer les malades et leur entourage, y étaient introduites, prémices de ce qui allait devenir l'éducation thérapeutique du patient ou bien le rôle des aidants...

Enfin, les limites strictes entre le rôle des différents soignants relevant de décrets d'actes contraignants y étaient quelquefois dépassées entre des professionnels qui se connaissaient, préfigurant ainsi ce qui allait devenir les "pratiques avancées".

Dans tous les cas, une des préoccupations lancinantes des initiateurs de ces réseaux était la recherche des financements leur permettant de pérenniser leurs activités, d'une année sur l'autre (quelquefois d'un trimestre sur l'autre). De leur côté, les pouvoirs publics étaient soucieux de donner un cadre réglementaire à ces initiatives du terrain, ce qui allait finir par arriver au tournant du siècle.

Dans les deux décennies qui ont suivi, les dispositifs de coordination se sont multipliés en regard d'une demande épidémiologique et organisationnelle qui ne se démentait pas. Sont ainsi apparus les Maia, les Clic, les PTA, les CTA... alors qu'à une autre échelle les MSP, puis à partir de 2020 les CPTS, prospéraient. Finalement, après 2022, les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), reconversion ultime des réseaux de soins initiaux, ont été institués afin de fédérer l'ensemble des dispositifs de coordination...

Au terme de ce long cheminement, on peut espérer que, pour les patients qui en ont le plus besoin, les parcours soient les plus harmonieux possible et sans rupture, afin qu'ils reçoivent le juste soin, au bon moment et par le bon professionnel.

On peut aussi se demander s'il n'aurait pas mieux valu, voilà une trentaine d'années, que l'ensemble des responsables professionnels, politiques et institutionnels privilégient clairement l'exercice coordonné et pluriprofessionnel, y compris en engageant une diversification des modes de rémunération.

RETOUR HAUT DE PAGE