Article publié dans Concours pluripro, avril 2023

C'est un discours bien huilé. Car François Braun l'a répété à maintes reprises : le médecin généraliste ne doit plus être un "homme-orchestre" mais un "chef d'orchestre". La métaphore est parlante : il s'agit de ne plus être seul aux commandes mais d'organiser les collaborations, de fluidifier les échanges et de construire une harmonie d'équipe. C'est également par cette image de "pilier central" que l'Académie nationale de médecine dessine, dans un avis publié le 11 avril dernier, la "future" fonction de médecin généraliste qui, confronté à des évolutions technologiques, professionnelles et sociétales dans un "univers sanitaire en pleine transformation", doit "faire profondément évoluer son exercice sans se perdre dans une conception dépassée de son action". Des trois scenarii formulés par le groupe de travail piloté par le Pr Guy Vallancien, un seul a été approuvé à l'unanimité par les personnes auditionnées : une évolution qui s'inscrit dans une transformation globale de son exercice. Ce scénario privilégie donc "le rôle du médecin généraliste au sein d'une équipe référente en matière de soins et de prévention avec sa vision à la fois panoramique et profondément personnelle de l'état de santé physique, mental et social des personnes qui se confient à lui".

Le médecin doit (re)trouver sa place de pilier, celui qui saura passer le relais au bon moment au bon coéquipier

À l'image du "chef d'orchestre", l'Académie préfère, pour sa part, celle d'"assembleur". Dans cet avis intitulé "Du médecin traitant à l'équipe de santé référente", elle se positionne en faveur du "joueur au centre du terrain qui passe les ballons" et qui occupe une "position centrale" au sein de cette équipe. Convaincue qu' "aujourd'hui et encore plus demain, c'est une équipe de soins qui assurera la prise en charge des patients". AVECsanté la nomme "équipe traitante". Certains syndicats préfèrent parler de l'"équipe du médecin traitant". Le ministère de la Santé la décrit comme une "équipe à proximité du patient et coordonnée par le médecin traitant". L'Académie de médecine parle d'"équipe de santé référente"… La terminologie contribuant à délimiter les contours de cette équipe, l'adoption d'une appellation au détriment d'une autre témoignera du parti pris des pouvoirs publics et du degré de refondation qu'ils souhaitent promouvoir. Mais cette évolution – une des nombreuses – est indispensable (voir notre dossier "Évolution des métiers : comment repenser l'offre de soins de façon globale ?") afin que le médecin (re)trouve sa place de pilier, d'assembleur-rassembleur, celui qui saura passer le relais au bon moment au bon coéquipier. "L'exercice partagé et coordonné des professionnels s'impose comme la seule politique raisonnable à promouvoir", insiste l'Académie nationale de médecine. On y croit également.

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