Système de santé "à bout de souffle", hôpital "en crise durable", perte de sens du métier et pénurie de personnels, problèmes organisationnels, délitement de l’offre de soins… Lors du point presse tenu ce jeudi pour présenter leur stratégie en vue des prochaines élections présidentielles, Les Libéraux de santé ont fait le constat amer d’un système de santé "pas vraiment soudé" dont le Covid a mis en exergue les difficultés et les failles. Et ils ont présenté le "projet ambitieux" élaboré depuis quatre mois et qui doit "révolutionner le système de santé et remettre les soins de ville au centre de son organisation", a expliqué Sébastien Guérard, son président, également président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR).
 

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L’accès aux soins étant un enjeu majeur de ces prochaines élections, l’intersyndicale souhaite faire de la ville "le niveau initial de réponse aux besoins de soins" et pour cela une "réforme est indispensable pour redonner de la lisibilité à l’offre de soins et repenser l’organisation des soins", insiste-t-il. Il s’agit également de "redonner au système conventionnel son rôle de pilote du système de santé, redonner du sens aux négos conventionnelles, que le rapport de force soit un peu plus équilibré entre les organisations représentatives et l’Assurance maladie, s’appuyer sur des politiques de santé publique ambitieuses, et prendre notre part, toute notre part, pour gérer ces évolutions conventionnelles".

 

11 syndicats, 6 axes

La stratégie des Libéraux de santé, qui a lancé son nouveau site le 8 février dernier, repose sur 6 axes majeurs "visant à redonner à chaque Français une offre de soins de qualité, de proximité et à répondre aux enjeux de santé publique", a insisté Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
 

>> Révolutionner le système conventionnel et le financement de la santé

Aujourd’hui, le système conventionnel est garant d’un égal accès aux soins pour tous les patients, a rappelé Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Conscient que le financement du système de santé basé sur la maîtrise de la dépense "a montré toutes ses limites", il est nécessaire de "changer les règles des négociations conventionnelles car la confiance entre les professionnels de santé libéraux et les pouvoirs publics est fragilisée par des années de pression économique sur les soins de ville".
L’intersyndicale propose un rééquilibrage entre les syndicats et l’Assurance maladie qui se déclinerait ainsi :
- les négociations peuvent être déclenchées de façon égale par l’une ou l’autre des parties ;
- le cadrage financier s’établit dans la transparence et s’inscrit dans la négociation, les données chiffrées sont communiqués en amont des discussions, et les décisions conventionnelles nationales priment sur les décisions régionales ;
- seules des négociations conventionnelles peuvent modifier le contenu d’un accord conventionnel ;
- création d’une commission nationale de pilotage d’expérimentation pour se prononcer sur la pertinence de la généralisation des expérimentations ;
- quand elle est invitée à participer à la négociation et/ou au financement d’actions conventionnelles, l’Uncam est doté du pouvoir juridique d’engager l’ensemble des organismes complémentaires (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui)

 

>> Développer des solutions de coordination souples autour du patient

L’intersyndicale propose d’assouplir l’exercice coordonner et de redonner une place centrale au patient dans son parcours de soin, a indiqué Mélanie Ordines, présidente du Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO). Leur recommandation : mettre en place des équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), qui seraient le "premier échelon de la coordination". Une nécessité, estime Mélanie Ordines, car "du fait de leur contrainte et de leur complexité bureaucratique, les formes de coordination pluriprofessionnelles existantes ont du mal à convaincre les professions libérales". La création des Escap permettraient ainsi à des libéraux de s’impliquer plus facilement dans la coordination à l’aide d’outils numériques financées par l’Assurance maladie via un accord conventionnel dédié, de diminuer les coûts d’hospitalisation et de proposer une meilleure prise en charge en ville et à domicile.
Une proposition que la Cnam semble "peu empressée" à soutenir cette modalité et qui témoigne, pour les syndicats, "de la volonté des pouvoirs publics d’appliquer leurs propres recettes même si celles-ci échouent", regrette-t-elle.

>> Décloisonner les métiers et recentrer les formations en santé sur le libéral

Partant du constat qu’aujourd’hui environ un quart des Français changent de métier au long de sa carrière, Catherine Mojaïsky, ex-présidente du syndicat Les Chirurgiens-dentistes de France (CDF), a insisté sur l’importance d’ouvrir l’accès des métiers de santé dans le cadre de reconversion professionnelle et de favoriser une mobilité entre les professions de santé afin de construire de "nouvelles trajectoires libérales".
L'intersyndicale propose ainsi de repenser les périmètres des métiers et de la formation des professionnels de santé, de favoriser les évolutions de carrière. Les formations doivent également être décloisonnées, des passerelles établies entre les différents cursus, la formation initiale ouverte aux professionnels issus d’autres secteurs et l’acquisition de compétences validées doit faire l’objet d’une valorisation.

 

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