Alors que le gros de la crise sanitaire était passé, la CPAM et l’ARS ont "voulu rediscuter de l’ACI" et notamment des fameuses "missions socles" qui conditionnent légalement les financements des CPTS, depuis la négociation à l’été 2019 du premier accord-cadre. Il prévoit en effet que la CPTS doit assurer trois missions* dans les deux ans suivants sa signature : améliorer l’accès aux soins en facilitant la recherche d’un médecin traitant pour les patients du territoire qui en ont besoin et en organisant les soins non programmés (le SAS a depuis fait son entrée), organiser des parcours pluriprofessionnels autour des patients et enfin, développer des actions de prévention.
Une première réunion de quatre heures est organisée entre les représentants de la CPTS, de l’ARS et de la CPAM en février dernier. Les professionnels de santé comprennent vite qu’ils ne cochent pas toutes les cases. Soulignant le travail néanmoins réalisé, ils sont invités à faire parvenir "des justificatifs" aux tutelles. Nouvelle réunion le 12 mai dernier. "La trésorière, infirmière, m’avait enjoint à garder mon calme", se souvient Xavier Lambertyn. Raté : le généraliste, syndiqué à la FMF, a claqué la porte au bout de 30 minutes, annonçant sa démission de la présidence de la CPTS. "On s’est fait critiquer sur tout, déplore-t-il. Ils nous ont dit ‘C’est bien ce que vous avez fait’ mais vous êtes hors les clous’." L’ARS et la CPAM leur ont ainsi reproché d’axer l’ensemble de leurs actions sur les personnes âgées (voire réponse de l’ARS ci-dessous). "C’est le besoin que l’on rencontre sur le territoire, justifie le praticien. Je ne vais pas faire un projet de santé sur les bébés blonds aux yeux verts !"

Malgré la mobilisation de la CPTS dans la campagne de vaccination contre le Covid, les tutelles ont considéré que la mission prévention n’était pas remplie non plus. "Vous n’avez pas fait de plan d’actions, donc ça ne compte pas", leur aurait-on répondu. "On avait autre chose à faire !, s’emporte le futur ex-président. Notre ‘plan d’action’ à nous, c’était de faire les plannings et gérer les commandes de doses, calculer chaque jour le nombre de patients qu’on allait pouvoir vacciner, et saisir les dossiers." Quant à la mission "médecin traitant", qui avait déjà soulevé les objections des syndicats médicaux durant les négociations conventionnelles en 2019, "il faut savoir qu’on est dans une des zones les plus dépeuplées en médecins, souligne Xavier Lambertyn. Neuf médecins sont partis à la retraite dans le secteur et dans la ville voisine de Seine-Maritime, six médecins sont partis au 1er janvier, ça nous a énormément impactés. On a plus de 10 000 patients sans médecin traitant."