"Je n'arrivais plus à soigner mes patients comme je le souhaitais et j'étais en train de faire le deuil du système de santé actuel", confie Sandrine Gignoux médecin généraliste à Saint-Martin-D’hères, près de Grenoble, à France 3. Après 17 années de bons et loyaux services, la généraliste, à bout de forces, a décidé "d’arrêter de soigner plutôt que de le faire moins bien". Elle a ainsi adressé une lettre à ses patients afin de leur expliquer son choix...

À la fin de l'année, elle quittera, tout comme sa consœur Mathilde Petit, son cabinet de groupe appartenant au pôle santé interprofessionnel et multisites (PSIP) de Saint-Martin-d'Hères, qui abritent également d'autres médecins et professionnels de santé membres du PSIP. 1000 patients se retrouveront alors sans médecin traitant. Si ces derniers ont plutôt bien accepté la nouvelle, rapporte le média local, ils s’interrogent désormais sur leur suivi médical et la possibilité de trouver un nouveau médecin. "C'est douloureux, j'ai l'impression de les abandonner, explique Sandrine Gignoux. En médecine générale, on est un peu le maillon central. Notre rôle, c'est de pouvoir orienter les gens vers des spécialistes. Mais si on ne peut plus les adresser correctement, ça nous met, nous, en souffrance parce qu'on n'a plus l'impression d'aller au bout de notre prise en charge."

Après avoir vu de nombreux collègues se mettre en arrêt maladie ou faire des burn out, Sandrine Gignoux a pris conscience de son propre mal-être. "J'ai vu que je n'allais pas bien, que j'étais en colère, que parfois j'avais envie d'envoyer les gens balader en consultation (...) J'ai préféré arrêter de soigner plutôt que de le faire moins bien."

Plus de temps, trop de demandes de patients, trop de tâches administratives à remplir.... La médecin fustige également le manque d'aide de l'Etat et des collectivités, et critique la revalorisation des consultations à 26,50 euros. "Cette demande de revalorisation, c'est seulement la partie visible de l'iceberg. La demande qui est derrière, c'est de pouvoir avoir un peu plus d'argent pour pouvoir payer un local plus grand et accueillir des infirmières, des secrétaires et donc mieux accueillir les gens au final."

 

[Avec France 3]

RETOUR HAUT DE PAGE