Retour en arrière. 2019, première vague de pénurie de dérivés de cortisone. "Ces médicaments, fréquemment prescrits dans des pathologies bénignes, sont également essentiels dans la prise en charge de nombreuses pathologies graves, rappelle-t-il. Nous avons commencé à déconditionner de notre propre initiative car on était en manque de médicaments… et on savait que chez certains patients, plus de la moitié de la boîte allait finir dans la pharmacie familiale, périmée ou brûlée par Cyclamed, alors même que ces comprimés auraient pu servir à d’autres patients." Leur objectif, précise le pharmacien installé à Sornac et membre du Pôle de santé MilleSoins : "Éviter une rupture d’accès aux soins dans un territoire déjà sous tension, et d’agir contre les pénuries ainsi que le gaspillage."
Parallèlement, les deux pharmaciens participent, en 2020, à un projet de recherche-action autour de groupes de pratiques médecins-pharmaciens – Les Cercles de qualité – au sein de leur maison de santé universitaire. Celui-ci vise à améliorer le bon usage du médicament au regard des recommandations internationales et des données actualisées de la science. "À l’issue de ces travaux, nous avons collectivement décidé de déployer la dispensation à l’unité des antibiotiques pour lutter contre l’antibiorésistance et de l’élargir ensuite aux médicaments à fort potentiel iatrogène, tels que les benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères) et les antalgiques opioïdes, indique-t-il. Mais nous l’avons effectuée de manière marginale." Toute cette démarche a été décrite dans l’article de Mediapart. "À sa parution, on se doutait qu'on allait en entendre parler… mais on ne pensait pas, pour autant, recevoir une plainte", reconnaît-il.