Article publié dans Concours pluripro, novembre 2024
 

Au fil des années, le métier de pharmacien d'officine se transforme, et ses compétences et missions évoluent. Prescription de vaccins, dépistage du cancer colorectal, accompagnement des femmes enceintes, délivrance gratuite de préservatifs, dépistage des cystites bactériennes, réalisation des tests rapides d'orientation diagnostique (Trod angine, grippe et glycémie), mise en place du pharmacien correspondant... La concrétisation de ces missions a nécessité, pour certaines, des expérimentations rendues possibles via des protocoles de délégation de tâches nationaux ou locaux, dans le cadre d'un exercice coordonné au sein d'une équipe de soins primaires, d'une maison de santé ou d'une communauté professionnelle territoriale de santé.

Outre ce rôle d'incubateur pour l'expression de nouvelles compétences, ces lieux d'exercice coordonné représentent, pour certaines officines, un moyen d'attirer des professionnels de santé, notamment des médecins prescripteurs, indispensables à leur activité et au maintien du dynamisme de leur entreprise. Un facteur d'attractivité non négligeable dans le contexte actuel. Car si le nombre de pharmaciens reste à peu près stable depuis 2016, "la profession s'inquiète des difficultés de recrutement et veut parvenir à augmenter ses effectifs dans les prochaines années", a fait savoir, fin juin, l'Ordre national des pharmaciens, en présentant son Panorama annuel de la profession. Selon ses derniers chiffres, le nombre d'officines continue de baisser. En 2023, on en comptait 19 887 en France métropolitaine, soit -1,3 % par rapport à 2022 et -9,3 % en dix ans. Carine Wolf-Thal, sa présidente, a d'ailleurs alerté sur la nécessité d'anticiper afin d'éviter que cette tension devienne une crise qui pourrait conduire à des déserts pharmaceutiques. Certains pharmaciens d'officine n'ont pas attendu et portent déjà, dans certains territoires, des initiatives visant à déployer l'exercice coordonné, afin notamment de garantir la pérennité de leur activité. En quoi a-t-il changé leur façon de travailler et leur vision du métier ? Cinq pharmaciens témoignent.

 

 

Mélanie Bednarowicz"La proximité de l'exercice coordonné facilite la communication"

Mélanie Bednarowicz, pharmacienne titulaire d'une officine à Gray (Haute-Saône), à l'origine de la MSP des Capucins, et élue URPS Bourgogne-Franche-Comté.

"Je me suis installée au sein de mon officine en 2011. Depuis, un médecin prescripteur est décédé subitement et personne ne l'a remplacé, ce qui a entraîné un manque de dynamisme. J'ai commencé à travailler avec un autre praticien qui, à la suite de problèmes de santé, a lui aussi laissé un grand nombre de patients sans suivi. Cette situation ne pouvait plus durer ! J'ai voulu agir en créant une maison de santé, bâtie sur le terrain à côté de l'officine. Pour moi, c'était un moyen d'attirer des médecins ainsi que d'autres professions médicales et paramédicales.

La MSP de 400 m², financée sur des fonds privés, a ouvert en juillet 2022 avec deux médecins et un troisième en cours de recrutement, une sage-femme, deux cabinets infirmiers et des kinésithérapeutes. Le dispositif d'appui à la coordination (DAC) y loue également un local. Nous prévoyons de l'agrandir afin de proposer des cabinets pour des permanences à des dentistes ou à des spécialistes.

 

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