Article publié dans Concours pluripro, février 2024
 

Début 1990. Jacques Chirac prononce cette formule célèbre : "Un chef, c'est fait pour cheffer." Certes, la phrase fait toujours sourire, mais elle a aujourd'hui un charme un peu désuet, tant les notions d'autorité et de discipline qu'elle véhicule semblent appartenir à un monde en train de disparaître... Car à l'heure de la "flexisécurité", du "management horizontal" et des "organisations agiles", on semble avoir moins besoin de personnalités exerçant un pouvoir fort et incontesté que d'individus capables d'insuffler une dynamique et d'emmener les autres vers un but commun.

En clair, on a moins besoin de "chefs" que de "leaders"... et cela se vérifie également au sein des équipes pluriprofessionnelles, où ce qu'on appelle ailleurs un "lien de subordination" n'a pas vraiment droit de cité. Il est d'ailleurs significatif que la langue française, connue pour être très riche, ait dû emprunter à l'anglais un vocable pour désigner un concept qui échappe en grande partie à toute tentative de définition. "Le leadership n'est pas quelque chose qui se décrète, c'est une posture pour celui qui l'a. Mais c'est surtout quelque chose qui est vécu par les autres", tente Marie-Hélène Certain, médecin généraliste aux Mureaux (Île-de-France), qui a coréalisé l'année dernière un Tour de France des CPTS, avec Albert Lautman, directeur général de la CPAM de l'Essonne, et Hugo Gilardi, directeur général de l'ARS Hauts-de-France. "Je crois qu'il faut surtout voir la question du leadership comme une question d'envie, avance de son côté Lydwine Vaillant, auteure de Réinventons le secteur de la santé. C'est avant tout une volonté de se mettre au service des autres, d'emmener ses collègues, ses confrères sur un projet."

Focus

Leaders : quel profil ?

En 1944, le psychologue américain Kurt Lewin demande à trois groupes d'enfants de réaliser une tâche créative. Il identifie, à partir de ses observations, trois types de leadership et leurs conséquences sur l'équipe : le leadership autoritaire (à distance du groupe, il dirige les activités en donnant des ordres), démocratique (semi-directif, il encourage les propositions, la créativité et la participation), et le "laisser-faire" (non directif et en retrait, il participe a minima aux activités). Quelques années plus tard, Paul Hersey et Kenneth Blanchard, experts en management, développent – et rajoutent à cette liste – la théorie du leadership situationnel, conscients qu'un leader doit s'adapter à la situation et à son équipe. Ils identifient ainsi quatre styles de leadership : directif ("Je décide"), persuasif ("Je décide et j'explique"), participatif ("Nous décidons ensemble") et délégatif ("Vous décidez").
 

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