Article publié dans Concours pluripro, mai 2023
 

Elle est opérationnelle depuis janvier dernier. Lancée par le ministère de la Santé, la mission interministérielle sur "la médiation en santé dans le cadre de l'aller vers" "vise à faire évoluer la place de la médiation dans le système de santé, car les ministres sont convaincus de son importance", souligne Philippe Denormandie, chirurgien neuro-orthopédiste et membre de la mission. Et d'ici mi-juillet devraient être présentés les axes de réflexion visant à professionnaliser et étendre le champ d'intervention de la médiation.

Le 3 octobre dernier, lors de la journée de lancement du Conseil national de la refondation (CNR) santé, François Braun soutenait avoir "la conviction que la médiation en santé, qui mobilise des professionnels non soignants pour accompagner nos concitoyens, jeunes, précaires, isolés vers les professionnels de santé, est une clé de notre action collective". À mi-chemin du monde sanitaire et social, le médiateur en santé allie de multiples compétences de repérage, d'information, d'orientation et d'accompagnement temporaire dans une démarche d'"aller vers", notamment auprès des publics vulnérables. "La médiation en santé est loin d'être un concept nébuleux, soutient Didier Ménard, médecin généraliste à la retraite, fondateur de l'Association communautaire santé bien-être (ACSBE) dans la cité du Franc-Moisin (Seine-Saint-Denis). Certes, la démarche est née du terrain, mais lorsque nous l'avons mise en place, nous l'avons immédiatement rattachée au concept de santé communautaire." Ainsi, au Franc-Moisin, tous les professionnels de santé ont structuré leur activité de soins autour de relais et de ressources parmi les habitants du quartier, afin de disposer d'un soutien dans le cas de situations complexes.

 

De véritables couteaux suisses

Si les professionnels du Franc-Moisin ont appliqué le concept dès 1996, il faut attendre 2016 pour que la médiation en santé soit inscrite dans l'agenda politique, avec la loi de modernisation de notre système de santé. D'après le texte de loi, elle vise "à améliorer l'accès aux droits, à la prévention et aux soins des personnes éloignées des systèmes de prévention et de soins, en prenant en compte leurs spécificités". Un an plus tard, la Haute Autorité de santé (HAS) publiait son référentiel définissant les objectifs de cette fonction née dans les années 1980 dans le milieu associatif, en pleine épidémie de VIH. Le médiateur a alors pour mission de remettre une personne dans son parcours de soins en identifiant les obstacles. "Il doit montrer à la personne aidée comment les contourner, l'installer dans l'autonomie afin que, progressivement, elle sache agir seule", insiste Olivier Bouchaud, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et fondateur du DU médiation en santé (université Sorbonne Paris Nord). "En raison de leur travail d'accompagnement dans la reconquête des droits, les médiateurs soutiennent les personnes dans une forme d'empowerment", ajoute Didier Ménard. Ils jouent un rôle essentiel pour passer du soin à la santé. Et peuvent d'ailleurs organiser des ateliers de promotion de la santé afin de construire un mécanisme de participation de la population aux projets.

RETOUR HAUT DE PAGE