"On est assujettis à subir les inégalités d’accès aux soins", pose Gilles Noël, vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), qui fédère 13.500 maires ruraux. Car dans ces communes, l’"offre médicale se raréfie ou n’existe plus". Ainsi, il manquerait quelque 6.000 généralistes dans les bassins de vie ruraux, pour atteindre l’objectif souhaitable d’un généraliste pour 1.000 habitants (moyenne : 0,83), selon une étude confiée par l’AMRF au Pr Emmanuel Vigneron, géographe de la santé. De fait, il y a "un sentiment de désespérance" chez les citoyens ruraux. "Il ne se passe pas une semaine sans que la question de l’offre de soins, d’une situation particulière, ne remonte en mairie. Avec la difficulté de trouver la réponse adaptée", témoigne l’élu de Varzy (Nièvre) qui estime pour autant que la situation est "désespérante, mais pas désespérée". Car il observe des "esquisses de solutions" sur ce sujet qui "cristallise dans les campagnes".
Lors de son congrès en septembre dernier, l’AMRF a proposé une alternative, dans le but de favoriser l’installation des médecins libéraux en territoire rural, jugeant peu efficaces les solutions jusqu’alors avancées par l’Etat. La coercition ? Elle crispe. L’ouverture du numerus apertus ? Elle ne réglera pas tout, notamment parce que les nouvelles générations veulent "travailler pour vivre et non vivre pour travailler", précise Gilles Noël. Ce qu’elle préconise : que les médecins puissent s’installer "dans un pôle de vie choisi". Et que cette installation s’accompagne "d’une journée minimum par semaine dans une maison de santé en secteur sous doté à proximité". Cela serait possible, "avec un Etat qui met autour de la table toutes les forces en présence et recherche un accord de principe", poursuit-il, soit entre l’administration, les professionnels, les élus, l’université. Et bien que la proposition ait fait grincer des maires, la motion a été prise "à l’unanimité".