Article publié dans Concours pluripro, janvier 2023

Dr Romain Bossis, MSP des Forges

Dans certains territoires de la Vendée, 15 % de la population n’a pas de médecin traitant. Une situation rendue complexe par le flux touristique important, dès le printemps, notamment sur la côte, de patients hors résidence en besoins de soins non programmés et de jeunes retraités ayant souvent des pathologies chroniques, détaille Romain Bossis, médecin généraliste à la MSP des Forges (La Roche-sur-Yon) et vice-président de la CPTS Centre-Vendée. Il y a trois ans, une expérimentation financée par l’ARS a eu lieu à Challans et Les Sables, sous la forme d’un agenda partagé en lien avec la régulation pendant les mois de juillet et août.
Avec l’émergence des CPTS – la Vendée en est intégralement couverte –, les professionnels ont pu désormais structurer une réponse départementale à la problématique des SNP. Et si chaque territoire a ses contraintes propres – pression touristique et estivale sur la côte, difficultés d’accès à un médecin en Sud-Vendée, étudiants dont les médecins traitants sont hors de la région pour La Roche-sur-Yon –, chacun présente aussi des ressources différentes.
L’idée était donc d’avoir un modèle hybride, avec une régulation départementale et une effection adaptée localement à chaque CPTS, précise Romain Bossis : "On a mis en parallèle deux types d’organisation avec la régulation, soit des créneaux volontaires de SNP dans des cabinets et la création de centres de soins non programmés dès janvier 2022. Aujourd’hui, la Vendée en compte six, répartis sur chaque CPTS, adossés à l’hôpital local et coportés par les CPTS et le GHT85."
Un modèle innovant dessiné par la structure hospitalière qui gère la partie logistique et salariale, et la CPTS qui s’occupe de l’enrôlement des médecins, la gestion des plannings et le lien avec la régulation. Ce qui permet d’être plus réactif, assure-t-il.

Une activité complémentaire

La Vendée a choisi de mettre en place des centres de soins non programmés dans lesquels des médecins viennent assurer des vacations ponctuelles, sans être une activité principale, précise Romain Bossis : "Tous les créneaux sont régulés, et c’est le besoin médical régulé qui prime et non pas la sensation d’urgence ou la demande de soin du patient. Il y a donc une rationalisation des SNP. L’idée, ce n’est pas de multiplier le nombre d’actes mais que les gens soient pris en charge au bon endroit, au bon moment et par le bon professionnel."
De plus, l’activité au sein de ces centres est limitée à une vacation par semaine. "Celle-ci vient en complément d’une activité principale, qui est celle du suivi des patients dans les cabinets, poursuit-il, soulignant le souhait de ne pas professionnaliser cette activité. Les soins non programmés font partie intégrante de la médecine générale. On ne peut pas morceler la pratique avec certains qui ne feraient que des soins programmés, chroniques et complexes, et d’autres qui feraient uniquement les SNP. La médecine générale, ce sont aussi des rencontres de soin qui permettent de faire du dépistage, de la prévention… Et la découper en plusieurs petites activités, c’est dangereux à la fois pour la pertinence et le sens du métier de généraliste et la prise en charge du patient au long cours." 

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