La question de l’accès aux soins non programmés est abondamment traitée par les médias de notre pays ; mais c’est une question qui se pose avec une acuité équivalente dans la plupart des pays développés et, de surcroît, dans des termes comparables.
Cela tient probablement à plusieurs facteurs constitutifs d’une problématique générale commune à l’un ou l’autre des pays concernés dont pour l’essentiel l’asymétrie d’organisation et de moyens entre le secteur hospitalier et le monde ambulatoire, la désaffection prolongée des professionnels pour les soins primaires (ou soins de proximité ou first contact) et, enfin, les comportements de nombre de patients de plus en plus "consommateurs".
Pourtant, dans de nombreux pays, peu ou prou comparables à la France, des innovations ou modalités d’organisation plutôt diversifiées ont été mises en œuvre, avec des effets positifs. À une époque où les informations circulent sans délai, ces résultats sont aisément accessibles ; il est dommageable qu’ils soient aussi peu exploités, reproduits ou adaptés…

Premier point, l’accès aux soins en France est quasi exclusivement incarné soit par le médecin généraliste, soit par le service d’urgence ; c’est faire fi de toute une série de demandes qui peuvent être satisfaites par l’accès à des sites d’information, comme ceux promus depuis des années par le NHS britannique ou bien, entre autres, par des offreurs de soins nord-américains, publics ou privés. Cela peut être considéré comme marginal, mais des analyses publiées avaient conclu à une réponse adéquate pour 10 % des demandes d’accès aux soins…

Une "leçon de responsabilité citoyenne"

Viennent ensuite les initiatives pour désengorger et fluidifier les flux de patients aux urgences. C’est notamment le cas en Australie et au Danemark, où la pluriprofessionnalité et l’organisation rigoureuse prévalent. Ainsi, au Queensland, un tri est opéré dès l’accès, de manière à identifier les malades qui correspondent aux deux premières catégories : aux urgences impliquant une prise en charge immédiate ou dans les dix minutes. Les trois autres ne déclenchent pas une prise en charge rapide… et valent surtout aux patients concernés une "leçon de responsabilité citoyenne" les détournant d’un passage aux urgences.

De même au Danemark, où l’accès aux urgences est régulé (en réalité, rigoureusement filtré) par un centre d’appel unique (emergency medical coordination center) pour chacune des cinq régions qui constituent le pays. Ce centre est accessible 24 h/24 et 7 j/7 ; les malades eux-mêmes ainsi que l’équipe de soins primaires à laquelle ils sont affiliés peuvent le mobiliser. 

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