DAC, trois lettres pour désigner les dispositifs d'appui à la coordination qui viennent en appui aux professionnels, notamment pour organiser les parcours complexes. Un outil pertinent mais finalement peu connu des soignants. Comment l'expliquez-vous ?

Tout simplement par le fait que le DAC est un dispositif assez jeune qui a été mis en place sur les territoires en s'adaptant à un existant. Et puis, ce dispositif d'appui à la coordination arrive souvent en 2e ligne parce qu'on est dans l'appui à des acteurs déjà existants – acteurs de soins primaires, professionnels hospitaliers, d'établissements médico-sociaux etc. Il s'agit d'être un renfort pour des acteurs bien connus du public.

Les DAC interviennent quand les professionnels de 1e ligne considèrent qu'il y a une complexité, souvent médico-psycho-sociale, qui nécessite de passer du temps à chercher des ressources, à mettre en place un plan personnalisé de soin structuré et réfléchi… Et c'est là que les coordinateurs d'appui – ou équivalent, parce qu'il y a des appellations différentes en fonction des DAC – vont se saisir du dossier pour faire les démarches nécessaires, rassembler les intervenants et aider à donner de la cohérence à ce parcours.
 


Il est vrai que les DAC ne sont pas connus du grand public. Est-ce un problème ? Ce n'est pas sûr parce qu'il y a déjà énormément d'acronymes et de guichets différents dans la santé, donc on ne peut pas complexifier à outrance le paysage pour le grand public. Néanmoins, cela veut dire qu'il faut créer des ponts notamment avec le 15, le SAS ou le 116 17 quand il existe…. Prenons l'exemple de patients qui appelleraient très souvent le 15, qui viendraient très souvent aux urgences ou qui sont hyper sollicitants auprès de l'équipe de soins primaires. Ces patients, il faut pouvoir les repérer et les faire accompagner par le DAC.

Vous êtes, depuis juin dernier, le nouveau président de la Facs Occitanie, un regroupement très actif dans le sud-ouest. Quel est son objectif ?

La Facs, c'est un lieu de rencontres, d'interface, de création de liens et de synergies entre les acteurs de la coordination dans une région, ici notamment l'Occitanie, une grande région composée de 13 départements, 2 CHU, une multitude de CPTS et d'URPS… Bref, un écosystème florissant.

Ce qui m'intéresse dans ce poste au sein de la Facs Occitanie, c'est de fluidifier les relations entre tous ces acteurs à l'échelle de la région dans la confiance et la bonne humeur et aussi un esprit constructif pour que ce soit vraiment facile de faire de la coordination en santé en région Occitanie.

La 5e édition des Universités de la coordination en santé démarre le 28 août. Avec pour thématique centrale, les "coordinations plurielles & parcours de santé". Comment le DAC contribue à la coordination territoriale ?

Les DAC se placent souvent à une échelle départementale qui leur permet d'intervenir auprès de plusieurs territoires constitués (ou non) en CPTS , là où les acteurs se rassemblent déjà. Mais c'est vrai que cela peut être plus efficient si le DAC, qui a un rôle d'animation territoriale, met les gens autour de la table.

C'est ce que nous avons fait au mois de juin dans le Tarn en marge de l'assemblée générale du DAC : une journée avec les partenaires avec une matinée construite avec les CPTS où on peut travailler des parcours à une échelle plus vaste. Ça permet de gagner du temps plutôt que chaque CPTS réinvente la roue de son côté, et on profite des bonnes idées des uns et des autres ! Le DAC peut vraiment être ce lieu où se fait cette rencontre avec aussi, si besoin, des ressources – humaines, logistiques, informatiques – qu'on peut utiliser. Les DAC ont donc toute leur place pour être ces animateurs au niveau territorial.
 


Dans mon expérience, les maisons de santé se rassemblent autour de la CPTS et les CPTS se rassemblent pour dialoguer avec le DAC. Il y a donc souvent cette gradation… mais il ne faut rien s'interdire et être ouvert à des rencontres plus vastes. Et cela se fait peut-être déjà dans d'autres départements. Mais l'idéal, c'est évidemment d'arriver à assembler tout le monde, les ESP, les hôpitaux, les Ehpad, les MSP, les CDS, les CPTS, les établissements médicosociaux… Par son statut, le DAC est autorisé à jouer ce rôle d'animation et à faire dialoguer tous les acteurs. Et c'est ce qu'on propose à tous les acteurs de sant : venir vivre le même élan à Albi, aux Universités de la coordination en santé.

Vous êtes médecin généraliste, président de la CPTS du Grand Gaillacois et du DAC81. Quelles sont les synergies possibles entre la CPTS et le DAC ?

Sur mon territoire, la synergie s'est mise en place assez naturellement. Par exemple, la CPTS et le DAC partagent le même système d'information – ce qui est pratique pour la communication. On fait également des cercles de soin avec un groupe de discussion et une messagerie de santé sécurisée. Les soignants de 1e ligne, les coordinatrices de la CPTS et les coordonnateurs d'appui du DAC, on fait partie de la même team. On travaille avec les mêmes outils et on dialogue de façon très horizontale. Et même s'il y a une subsidiarité verticale, une fois qu'on s'est rassemblé autour d'un patient, la discussion est très libre grâce à ces outils de communication partagés. On utilise notamment l'outil Spico pour constituer des dossiers structurés (et partagés) pour les personnes âgées ou pour les enfants dans le cadre du parcours TND.
 


Ensuite, on participe à des réunions communes. Soit parce qu'on est invité conjointement par exemple au comité local de santé mentale (CLSM) ou parce qu'on s'invite réciproquement. Il y a notamment le groupe d'analyse de pratiques professionnelles (Gapp) de la CPTS où l'on convie toujours une personne du DAC… Je pense que c'est utile pour les coordonnateurs du DAC de voir quelles sont les questions qui se posent sur le terrain, et cela leur permet parfois d'apporter des réponses et de commencer des suivis et des prises en charge.

De plus, il y a une gouvernance équilibrée entre les différents acteurs. Ainsi, toutes les CPTS du département sont membres de droit du conseil d'administration du DAC. Ce qui me semble indispensable pour assurer l'articulation des deux parce que sinon c'est vite fait de perdre le contact. Si on ne connaît pas l'autre, on va tout de suite faire des suppositions et c'est là que commence la suspicion. Alors que si on travaille ensemble au quotidien et qu'il y a une présence de chacun aux instances de manière croisée, ça assure la confiance et le travail en synergie.

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