Article publié dans Concours pluripro, mai 2024
 

Après une sollicitation du service départemental d'incendie et de secours 18 (Sdis 18) en 2022, le DAC du Cher et de l'Indre, aussi connu sous le nom d'Appui Santé Berry, a pris conscience "d'une réelle blessure sociale", explique Carine Peschard, directrice de la structure pour le département du Cher. C'est à ce moment que s'est mise en place une alliance, plus tard complétée par le conseil département. "Les pompiers étaient partis du constat qu'il y avait des interventions régulières de leurs équipiers chez des personnes qui étaient en situation sociale ou médicosociale assez difficile, explique Marion Pétrier, chargée de mission et d'animation territoriale du DAC 18. Mais ces situations ne nécessitaient pas un acte de secourisme... leurs interventions se faisaient alors au détriment d'autres urgences." Les équipes, démotivées par le temps que pouvaient prendre de telles interventions, ont su déceler un problème de fond plus complexe. De fil en aiguille, un projet se met en place, l'objectif est clair : repérer les personnes fragiles et leur proposer un accompagnement adapté. "C'était souvent un public âgé et il fallait faciliter le maintien à domicile", précise Carine Peschard.

Dans la même dynamique, soulager les sapeurs-pompiers semblait être une priorité : "On souhaitait faciliter la coordination du parcours des citoyens du département du Cher et réduire le nombre d'interventions du Sdis au domicile de personnes en situation sociale ou médico-sociale difficile", explique Marion Pétrier. Le conseil départemental est alors rapidement sollicité par le Sdis 18 et entre dans la boucle.

 

 

Fournir ensemble une réponse cohérente

Le conseil départemental, en charge de l'aspect social, s'est rapidement accordé avec le DAC, plus concentré sur l'aspect sanitaire. Un suivi complémentaire prend forme et le protocole se dévoile. Une tablette, mise à disposition des pompiers, permet de réaliser un suivi clair, explique Marion Pétrier. "Lorsque les pompiers sont sollicités, ils complètent un formulaire, sur cette tablette, dans lequel le patient va remplir un courrier d'information qui, avec son consentement, permettra au DAC d'avoir accès à ses données". Après trois passages du Sdis au même domicile, une alerte est donnée, le Sdis peut solliciter l'entrée en action du conseil départemental et du DAC. "Une fois par mois, nous organisons une commission lors de laquelle les cas déclarés vont être passés en revue, explique Carine Peschard. Le DAC ou le conseil département se positionne alors en fonction de la problématique du patient. Si elle est sociale, c'est pour eux, si c'est de l'ordre du médical, nous prendrons en charge le patient." Un protocole qui porte ses fruits et que le Sdis 18, le conseil départemental du Cher ainsi que le DAC 18 ont fièrement présenté aux Universités de la coordination en santé, à Albi, en septembre dernier.

121 personnes ont pu être aidées grâce à cette initiative commune

Depuis sa mise en place, les trois acteurs peuvent se vanter d'avoir organisé plus de dix commissions en 2023. Sur l'ensemble des personnes signalées, 45 % ont été prises en charge par le département et 36 % par le DAC, les 19 % restants ayant fait l'objet de refus de prise en charge. Au total, 121 personnes ont pu être aidées grâce à cette initiative commune. "On met en place une belle dynamique, sur des territoires qui n'ont pas beaucoup de moyens mais qui ont beaucoup de projets", sourit Carine Peschard. Si les patients repérés se disent heureux de constater "que l'on se soucie d'eux", certains efforts restent à faire pour pérenniser cette alliance. "Les pompiers se sont sentis entendus et ont compris qu'ils n'étayent pas seuls face à leurs difficultés", assure Marion Pétrier. "Du côté du DAC, on trouve très important de ne pas tomber sur des situations de prise en charge trop tardives, et la collaboration territoriale, c'est un élément clé."

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