
Edito
Les faux nez du Plan santé
Analyse, décryptage et réflexion sur l'organisation des soins primaires.
Edito
Analyse, décryptage et réflexion sur l'organisation des soins primaires.
La santé est un sujet sensible. Le système est complexe ; ses acteurs, en ville ou à l’hôpital, sont plutôt attentifs au respect de leurs prérogatives. Dans ces conditions, réformer n’est pas aisé. Un grand nombre de rapports et de travaux préparatoires ont pourtant été produits. Les innovations conduites dans d’autres pays ont été analysées. Et finalement, le Plan santé annoncé le 18 septembre apparaît seulement esquissé, l’attention du plus grand nombre étant monopolisée par différentes mesures largement médiatisées. En réalité, dans cette affaire, il se pourrait bien que les gouvernants aient privilégié une stratégie des "faux nez". En mettant en avant des propositions plutôt attrayantes éventuellement catégorielles et le cas échéant démagogiques.
L’intérêt de ces faux nez étant de voiler encore un peu les évolutions profondes qui devraient finalement émerger… En voilà trois exemples. D’abord, l’affaire du numerus clausus (NC). Voilà bien le parangon de la démagogie. Chacun sait bien parmi les responsables que sa suppression n’entraînera pas d’augmentation du nombre de médecins formés. D’ailleurs, qui peut valablement dire ce que sera le besoin dans une douzaine d’années ? Surtout, la question de l’accès aux soins ne devrait plus être celle du nombre de généralistes en ambulatoire. En revanche, supprimer le NC permet de développer un modèle de faculté de santé, où seront formées l’ensemble des 19 professions de santé, au fil d’une orientation progressive et le plus souvent positive.
Ensuite, la question des assistants médicaux ; vraisemblablement financés par l’Assurance maladie et qui assumeront toute une série de tâches. En réalité, il s’agit d’amorcer, notamment pour le premier recours, la mutation d’un exercice traditionnel, souvent isolé et centré sur le médecin, vers un exercice regroupé, le cas échéant en équipe coordonnée, centrée sur le patient. L’évolution étant considérable, les résistances sont multiples. Enfin, la question des hôpitaux de proximité (de premier recours). Plusieurs centaines d’établissements (publics mais aussi privés) sont concernés. La finalité étant de mieux répondre aux besoins quotidiens des patients – souvent vieillissants – d’un territoire… Mais cela impliquera une réorientation profonde de leurs activités et une réorganisation sensible de leurs personnels. Vaste programme !
Justement, sur cette question d’accès aux soins, la ministre avait nommé l’hiver dernier trois délégués pour identifier, sur le terrain, des solutions modélisables. Le rapport vient d’être remis ; prometteur. Si bien que la mission des délégués est prolongée d’une année… C’est également sur cette même voie de valorisation d’initiatives de terrain que le Concours médical s’engage davantage : vous trouverez dans ce numéro un cahier central, rédigé par la FFMPS, afin de mettre en lumière des "expériences et des projets" menés en région