L’histoire démarre en 2023. "J'étais médecin généraliste remplaçant à la maison de santé de la Celle Saint Cloud (Hauts-de-Seine)”, se souvient Ashan Hamidon, aujourd'hui médecin généraliste à la MSP Pézenas-Tourbes située dans l'Hérault, entre Béziers et Montpellier. “Alexandra y exerçait également et on se croisait donc fréquemment. Je la trouvais fort sympathique et étant quelqu'un de très curieux, je lui ai proposé de réaliser un bilan orthophonique afin d’approfondir mes connaissances”, dévoile-t-il avec un léger sourire. L’occasion d'en "apprendre plus sur ce qu'il prescrivait à ses patients" mais aussi, de se rapprocher de celle qui deviendra en mai 2024, son épouse.


crédit : A.H.

"C'est ce qu'il dit, même s'il n'en est rien", plaisante Alexandra. Car "ce bilan s'est avéré extrêmement drôle puisque je me suis trompé à la moitié des exercices", poursuit Ashan. Pour lui, pas de doute, c'est bien cet échange qui a produit "un début de complicité" entre le médecin et l'orthophoniste qui se sont ensuite retrouvés à "souvent déjeuner ensemble le midi". De fil en aiguille, mais assez rapidement tout de même, les deux professionnels se rendent compte qu'ils partagent "une vision très similaire de l'être humain et du soin".

Du coup de main au coup de foudre

Lorsqu'il décrit sa femme, Ashan Hamidon n'est pas avare de mots et de compliments. "Ce qui m'a beaucoup plu chez Alexandra, c'est son engagement dans son métier, notamment auprès des enfants." En effet, dès que la jeune orthophoniste repère un enfant en difficulté scolaire, elle participe aux équipes éducatives pour éviter qu'il ne soit déscolarisé, alors même que cela ne fait pas forcément partie de ses prérogatives. "Elle croit dans le potentiel de chaque enfant et lorsqu'elle croit en un enfant, elle se donne à 200% ! A chaque fois que cela est arrivé, elle a brandi son épée et s'est battue pour qu'on donne une chance de réussir à ces enfants", confie son mari, non sans fierté. "Je pense que c'est justement cela qu'il manque aujourd'hui, à une époque et dans une société où tout va très vite et dans lesquelles tout est axé sur la rentabilité", souligne le médecin.

Une vision "noble de l'être humain et du patient" qu'il partage également et qui a immédiatement "plu" à Alexandra, au même titre que "son humilité" en tant que médecin. "Il se met toujours à la hauteur de son interlocuteur pour un maximum de compréhension, sans faire prévaloir son point de vue. Il ne dit jamais qu'il sait mieux sous prétexte d'avoir fait 10 ans d'études", révèle l'orthophoniste.

Comme son épouse, Ashan prend le temps de "coopérer", notamment avec les "autres professionnels de la maison de santé afin de savoir comment chacun se sent". Une collaboration qui va bien au-delà de la simple "collaboration autour du patient", mais bien une véritable volonté "de découvrir et de connaitre" ses collaborateurs et "toutes les personnes" qui l'entourent.

"En dehors de notre travail, nous sommes aussi dans le champ du service", confie Alexandra, un point qui les "rassemble" et qui "s'avère également porteur". Partageant cette vision professionnelle mais aussi "associative" avec des pratiques sociales et éducatives, les deux tourtereaux prennent assez vite la décision de se marier. Le grand évènement a pris place à Béziers, le 24 mai 2025.
 

Et tous deux n'imaginent pas une seule seconde un autre exercice que le pluripro. "Je suis convaincue que le soin, ce n'est pas juste un acteur dans son coin. Et que l'exercice coordonné est la base pour placer le patient au cœur du soin", rapporte Alexandra. Cela permet de dispenser des soins de qualité mais aussi d'avoir des regards complémentaires des autres professionnels, ce qui aide parfois à débloquer des situations et à reconsidérer les choses sous un autre angle... "

Concernant l'attrait d'Ashan pour le pluripro et notamment la MSP, c'est grâce à son "propre médecin traitant" qui s'est avéré être également son maitre de stage et qui a aussi fondé cette maison de santé. "Il a toujours été un mentor pour moi, je peux l'appeler à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Il fait partie des personnes qui m'ont donné envie de faire ce métier." Poursuivre l'aventure avec son mentor, notamment dans une structure offrant une "unité de vision et une compréhension commune" était donc une évidence.


crédit : A.H.

Depuis leur union, Alexandra et Ashan ont déménagé à Montpellier. "On aimerait créer notre propre maison de santé. On se pose énormément de questions, notamment sur son emplacement afin de répondre au mieux aux besoins de la population, mais aussi, sur les professionnels à recruter, les critères de sélection… On veut qu'ils aient la même vision humaniste", rapporte le généraliste. "On réfléchit aussi à l'environnement que l’on veut coconstruire tous ensemble : qu’il soit habilitant pour nous professionnels, mais aussi pour les patients", poursuit Alexandra.
 

"Aborder les désaccords comme un apprentissage"

Si travailler ensemble peut sembler difficile pour certains, Alexandra et Ashan semblent avoir trouver leur équilibre. "On apprend à consulter ensemble, que cela soit dans la vie personnelle ou professionnelle", révèle Alexandra. "Les désaccords qu’on peut avoir, on les aborde comme des apprentissages. On analyse les points qui mènent à ce désaccord et on discute en argumentant, le but n'étant non pas de mettre à mal l'argument de l'autre, mais bien de s'éclairer mutuellement sur la situation et arriver à une décision concertée."

Une méthode, tant dans la vie perso que pro, qui permet d’"éviter de nombreux écueils", poursuit-elle. Des propos que confirment Ashan sans hésiter : "Je pense que l'une des clés, c'est la connaissance des compétences et des capacités de chacun. Par exemple, je sais qu'Alexandra me surpasse dans certains domaines par sa formation, ce qui induit un respect et une vraie prise en compte de son expertise. Si ces métiers existent, c'est bien la preuve que nos moult années d'études de médecine ne nous ont pas permis de tout savoir", sourit le médecin.

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