Pourquoi une BD sur le burn out ?

C’est l’actualité et c’est un sujet qui parle à la fois aux soignants et au grand public. La santé – comme la police, les services administratifs de sécurité, etc. – est très touchée. Quand on dit que l’hôpital va mal, c’est vrai. Et ce n’est pas qu’une question d’argent et de matériel : de beaux murs et de nouveaux brancards ne suffisent pas. On doit réussir à parler du burn out, à lever la stigmatisation pour que ça ne soit pas une honte. Il faut aussi pouvoir dépister au plus tôt, c’est important. Alors, si on peut aider les gens…

 

 

Deux réanimateurs pour en parler, c’est étonnant ?

Les services de réanimation sont extrêmement touchés. Dans les services de réa, plus de 40 % des soignants sont en situation de burn out. C’est quelque chose que l’on côtoie.

On cherchait aussi à sortir de notre zone de confort de réanimateurs, qui pourrait être de parler d’hémodialyse, de ventilation, ou de choses très techniques. Ce que nous faisons déjà en travaillant avec des laboratoires sur différents projets de BD. Mais cette foisci, nous voulions aussi parler d’un sujet un peu différent, qui sort du financement des laboratoires qui veulent accompagner leurs traitements.

Nous sommes partis sur un sujet moins naturel pour nous, même si c’est quelque chose que l’on connaît. Élie [Pr Élie Azoulay, hôpital Saint-Louis, NDLR] a notamment travaillé sur le burn out. Nous avons également fait relire l’ouvrage à Franck Bellivier [délégué ministériel à la Santé mentale, NDLR], qui a validé son contenu.

Vous abordez des solutions.

Je pense, à titre personnel, que le passage du monde de pré-travail, dans lequel les accomplissements sont récompensés d’une manière ou d’une autre, au monde du travail qui est plus ingrat n’aide pas à trouver du sens lorsque c’est compliqué.

Il doit y avoir une base de management. Les instants de convivialité, d’échanges, le baby-foot dans les entreprises… On peut retrouver ces ambiances à l’hôpital, et il faut libérer les employés des silos dans lesquels ils sont enfermés. Ça demande un effort de l’administration, des managers et des collaborateurs. Dans la BD, on raconte qu’il y a des changements dans le service, que de nouvelles personnes sont arrivées… On montre aussi qu’on peut changer les missions des employés, travailler intelligemment avec les ressources humaines.

Comment avez-vous appris à dessiner ?

J’ai plaisir depuis tout jeune à dessiner. Lorsque j’étais à l’hôpital Saint-Joseph, je donnais des cours aux infirmières sous forme de bandes dessinées, sur le choc septique ou ce genre de choses, je faisais des posters pour les infections nosocomiales... Puis j’ai créé ma boîte pour continuer.

Médecin ou dessinateur, vous avez hésité ?

Quand j’ai passé le bac, je me suis demandé si je préférais faire les beaux-arts ou médecine. Mais le dessin, c’est risqué : si vous vous cassez la main, c’est fini. Et quelqu’un m’a dit : « Il vaut mieux exercer la médecine légalement et le dessin illégalement que l’inverse. » Ça me paraissait judicieux !

D’autres projets ?

Nous venons de faire une BD distribuée par Gilead, avec les mêmes auteurs, sur la thérapie génique dans les lymphomes. C’est l’histoire d’un patient qui fait une rechute de lymphome. On parle de CAR-T cells, des publications, des algorithmes, et des éléments de langage pour parler des CAR-T cells à un médecin, à une infirmière, à un externe, à l’entourage…

* Burn out, une épidémie de burn out au travail, Élie Azoulay, Olivier Lescale, Docteur Toons éditions.

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