"Aujourd'hui, la question du recrutement, de la fidélisation, de la perte de sens et du désengagement des professionnels est très médiatisée", estime Henri Bergeron, spécialiste de la sociologie de la santé et directeur de recherche au CNRS. En réponse, l’État a tenté d’apporter "quatre grands types de réponses pour redonner du sens. Il y a eu des mesures symboliques (marque employeur), matérielles (Ségur), fonctionnelles (responsabilisation) et managériales (leadership)." Des évolutions organisationnelles et sociétales qui, pour le sociologue, ont négligé la question de la relation au travail. "Il y a une hypothèse générale, apparue en 2020, qui explique que la crise du travail est en partie liée aux difficultés croissantes de coopération." Et émet l’hypothèse que la coordination est essentielle au contentement professionnel et donc, à ces questions d’attractivité.  

"Le problème, c’est qu’aujourd’hui, il y a trois grands mouvements qui contribuent à fragiliser les conditions de la coopération. Pour qu’un contrat de travail soit opérant, il doit être adossé à un contrat social qui fonctionne... Cependant un nombre important de menaces (géopolitiques, sanitaires, écologiques…) assombrissent notre horizon commun", explique Henri Bergeron. Ce qui provoque un repli et fragilise les relations d’interdépendances et les échanges, comme le précise directeur de recherche au CNRS. "Lors de nos interviews réalisées dans les hôpitaux, dans les MSP et dans les CPTS, beaucoup nous ont indiqué qu’ils rencontraient de plus en plus de personnes qui ne s’investissaient plus dans cet avenir, ce qui est extrêmement compliqué pour la coordination."

 

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