Face au vieillissement de la population et à l’explosion des maladies chroniques, "nous aurons de plus en plus besoin des kinésithérapeutes", assure Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), dans une tribune publiée ce jeudi sur leur site. "Entre 2020 et 2030, le nombre de Français âgés de 75 à 84 ans va augmenter de 50 %", assure-t-il, alors que la prévalence des maladies chroniques "est passée de 14,6 % en 2008 à 17,8 % en 2021". Et face à ces défis de santé publique, les kinésithérapeutes sont "en première ligne" pour "prévenir la perte d’autonomie et la sédentarité, et guérir les altérations du mouvement et des capacités fonctionnelles", explique-t-il, ajoutant que contrairement à d’autres professions de santé, "la démographie des kinésithérapeutes croît fortement" : on en comptait 72 000 en 2014, et près de 100 000 aujourd'hui. Une évolution démographique qui représente "une chance pour la population"… mais une force "insuffisamment mise à contribution". Il faut donc "lever des freins anachroniques", insiste Sébastien Guérard.

 


Rappelant que les actes des professionnels paramédicaux, dont les kinés, sont autorisés "par dérogation au monopole médical", le président de la FFMKR estime que si "les médecins disposent d’une compétence générale", les autres professions "doivent arracher à ce monopole chacune de leurs avancées, qu’il s’agisse de compétences nouvelles, du droit de prescrire certains actes ou produits de santé ou d’exercer avec davantage d’autonomie". Un encadrement qui "ne correspond plus au niveau de formation des professionnels, à leur volonté d’autonomie et d’engagement, pas plus qu’aux besoins de la population".

Si face aux difficultés d’accès aux soins et à la pénurie de médecins généralistes qui créé un "goulet d’étranglement" aux yeux de la Cour des comptes, les pouvoirs publics ont multiplié les mécanismes de dérogation au monopole médical – "protocoles de coopération, de délégations de tâches, de structures d’exercice coordonné ou d’accès sans prescriptions" –, le résultat est celui d'un "mille-feuille réglementaire et financier illisible", assure Sébastien Guérard.
 


L’expertise des kinésithérapeutes est aujourd'hui "freinée par un cadre juridique devenu incohérent", regrette-t-il. "Pourquoi peut-on consulter un ostéopathe en accès direct, alors qu’il faut la plupart du temps une prescription pour être soigné par un kinésithérapeute ? Comment se fait-il que les kinésithérapeutes ne puissent prescrire de l’activité physique adaptée, alors qu’ils sont le pont naturel entre les mondes du sport et de la santé ? Qu’est-ce qui justifie l’exclusion des kinésithérapeutes des rendez-vous de prévention portés par le gouvernement, quand on connaît le poids des troubles musculosquelettiques (TMS) chez les travailleurs ? Pourquoi certains protocoles de coopération donnent davantage de compétences aux professionnels sur certains territoires, et non sur d’autres ?"

L'engagement et l'expertise des kinés doit donc être "reconnue et valorisée", et cela doit passer par "des évolutions d’ampleur". Notamment "un accès direct sans prescription médicale sur l’ensemble du territoire", "la reconnaissance du statut de profession médicale à compétences définies", "le droit de prescrire de l’activité physique adaptée ainsi que des actes d’imagerie médicale et des antalgiques", "l’intégration pleine et entière de la profession dans la politique de prévention", ou encore "la reconnaissance du rôle incontournable du kinésithérapeute en Ehpad". Sébastien Guérard appelle donc à une loi pour plus d'autonomie professionnelle des kinés.
 

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