Article publié dans Concours pluripro, mars 2025
D’abord, parlons chiffres. Un objectif de 4 000 MSP à l’horizon 2027 a été fixé par François Braun, alors ministre de la Santé… que Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, jugeait "possible, plausible, souhaitable". C’est aussi votre avis ?
Début 2025, on comptait 2 758 maisons de santé sur le territoire (1 744 en zones sous-denses), dont 80 % ont déjà signé l’accord-cadre interprofessionnel (ACI). Atteindre 4 000 MSP à l’horizon 2027 est, certes, un objectif ambitieux mais que l’on se doit de poursuivre. Je crois beaucoup au développement du modèle des maisons de santé, qui est privilégié par les jeunes diplômés et qui permet d’attirer des professionnels de santé au sein des territoires où l’on a plus besoin d’eux.
Au-delà du nombre de MSP sur le territoire, il faut également regarder le nombre de professionnels de santé impliqués. Un nombre qui croît fortement ces dernières années : ainsi, le nombre de médecins généralistes associés en maison de santé a doublé entre 2019 et 2023, tout comme le nombre d’infirmières libérales, qui a également plus que doublé sur la même période.
En tant qu’Assurance maladie, nous avons un rôle central à jouer, en lien avec les agences régionales de santé, pour accompagner ces professionnels de santé qui souhaitent faire émerger un projet de MSP sur leur territoire. Nous travaillons aussi de plus en plus avec les élus locaux pour leur faire connaître ce nouveau mode d’exercice et donc favoriser leur déploiement dans les territoires.
En 2023, 153,5 millions d’euros ont été versés par la Cnam aux MSP signataires de l’ACI, soit une hausse de 22 % par rapport à 2022. Toujours en 2023, cette rémunération était trois fois plus importante qu’en 2018. Pensez-vous que cet accompagnement financier, de plus en plus conséquent, se traduit concrètement dans les actions de terrain ? Les MSP ont-elles "fait leurs preuves" ?
Nous en sommes aujourd’hui convaincus : les maisons de santé contribuent à l’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins, elles confortent l’offre de premier recours et améliorent la continuité du parcours de soins du patient. Sur l’amélioration de l’accès aux soins, les chiffres nous le prouvent, puisqu’en 2023, 10 millions de patients ont déclaré un médecin traitant exerçant au sein d’une MSP, soit une hausse de 16 % par rapport à 2022. Par ailleurs, le nombre moyen de patientèle médecin traitant par médecin généraliste associé est en augmentation de près de 4 % entre 2022 et 2023... De plus, les généralistes exerçant en MSP présentent des patientèles (file active et patientèle médecin traitant) plus importantes que ceux qui n’appartiennent pas à une telle organisation d’exercice coordonné. Ce qui se traduit par environ 6 % d’actes
supplémentaires réalisés par an en moyenne qu’un médecin généraliste hors MSP.