*[Dominique Dépinoy est également médecin généraliste et de santé publique et consultant en organisation des soins]
"Les professionnels sur le terrain pointent - avec sarcasme parfois - un empilement d’interlocuteurs, de sigles qui peinent à faire sens, de périmètres flous, de coopérations intermittentes. Pire : beaucoup d’initiatives ne touchent que ceux déjà convaincus. Les autres, qu’il est primordial de mobiliser, restent à distance. Et pourtant, ce ne sont pas les efforts qui manquent.
Depuis plus d’une décennie, la France multiplie les efforts pour repenser ses soins primaires. Des dispositifs structurants ont vu le jour : les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), dernières venues et prometteuses, les maisons et centres de santé (MSP et CDS), structures éprouvées dans la coordination des soins, ou encore les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), précieux soutiens pour les situations les plus complexes … Chacun porte un objectif légitime, chacun agit au plus près des besoins des professionnels et des patients.
Côté réflexion stratégique et militante, les fédérations (FNCS, AVECsanté, FCPTS, Facs), les organismes de formation (CNGE, Collège de médecine générale), les syndicats, les réseaux de recherche ont multiplié les analyses, les propositions, les plaidoyers. Mais malgré cette effervescence, utile, tout cela ne fait toujours pas système. L’addition des initiatives ne crée pas la cohérence. L’accumulation des dispositifs ne garantit pas la lisibilité. La fragmentation des représentations fragilise la dynamique collective et entretient une illisibilité au détriment de ceux que ces transformations devraient avant tout toucher et servir.