Regards complices et sourires aux lèvres. À les voir, on pourrait croire que Philippe et Béatrice Lognos vivent les débuts de leur idylle. Pourtant, quarante-et-un ans de vie commune les rassemblent. "On s'est rencontré au lycée, on avait 16 ans", se souvient Béatrice. Ce n'est que quelques années plus tard, "pendant nos études à Montpellier", que le couple s'officialise. "J'étais étudiant en pharmacie, reprend Philippe, et elle était à la fac de médecine." La "meilleur faculté du monde", s'amuse Béatrice, qui en est aujourd'hui la vice-doyenne. Médecin généraliste de profession, la sexagénaire est hyperactive : "Elle est aussi à l'origine, avec 4 autres professionnels de santé, d'une maison de santé multisite et présidente de la CPTS Lez Mosson", détaille Philippe.

Un couple qui s'est bien trouvé, car pendant ses études de pharmacie, Philippe s'inscrit à un DEUG d'histoire "pour écrire une thèse sur le traitement de la douleur à travers les époques". Puis diplôme en poche, le sudiste "veut changer d'air" : direction l'armée. À son retour, il exerce quelque temps à l'hôpital, puis au fil des déménagements, le couple s'installe à Saint-Georges-d'Orques, dans l'Hérault. "C'est à ce moment que je suis devenu pharmacien en oxygène médical, pendant 21 ans". C'est aussi à ce moment que le couple accueille leur premier enfant en 93, puis le second en 95.


crédit : B.L.

 

Installée dans un cabinet au cœur du village, très vite, Béatrice Lognos veut trouver des associés. "À l'époque, on m'a ri au nez", se souvient-elle. Pas désespérée pour autant, elle se tourne vers les orthophonistes et infirmières des environs, "avec qui on organise des cafés tous les mois". Son cabinet est au-dessus d'une pharmacie.


Le temps passe et des dentistes s'installent aussi, très vite une dynamique pluripro apparait. "Je crois que c'est finalement en 2018 que nous avons l'idée d'une maison de santé multisite." Au même moment, Philippe, après 21 ans dans la même entreprise, a "la volonté de terminer ma carrière avec une dernière mission qui aurait "plus" de sens", confie-t-il.

Le binôme se lance, Philippe aide à rédiger le projet, note les idées, cherche à les mettre en place et en devient le coordinateur. Rapidement ils rencontrent Manon Raynal, directrice de la Fécop, qui les soutiendra dans leur projet. Des patients experts se joignent aussi au projet. En 2019, la MSP multisite ouvre ses portes. Où sont les locaux ? "Et bien, chez nous, c'est particulier, on n'a pas deux ou trois sites… mais 27", rigolent les Lognos. La difficulté : le coût de l'immobilier à Montpellier et sa périphérie. "Notre but c'était d'éviter des investissements monstrueux aux professionnels de santé, alors chacun à gardé ses locaux." Au départ, 56 professionnels de santé embarquent dans le projet, aujourd'hui, ils sont 93. Et le travail de coordinateur ? "En télétravail, répond Philippe, mais je suis en lien avec tous les soignants de la MSP, c'est juste un peu difficile de courir après tout le monde !"


Après six ans à travailler ensemble, le quotidien du couple mêle vie personnelle et professionnelle. "On a rangé les couteaux, et interdit les armes à feu à la maison, rigole Béatrice. C'est vrai que le quotidien de Philippe, en télétravail à la maison, peut lui peser et quand je rentre du travail, on passe souvent un moment sur les questions qui tournent autour de la MSP." Il faut dire que la médecin généraliste "n'est pas facile à attraper, taquine son mari. Alors forcément c'est pendant le dîner que j'en profite".

Plein d'humour et de bonne humeur, le binôme au travail, couple à la maison, ne partage pas que sa passion pour l'exercice coordonné. "On voyage aussi beaucoup, lance Philippe. Visiter, rencontrer de nouvelles personnes, apprendre de nouvelles cultures, c'est vraiment quelque chose qui nous passionne." Depuis plus de trente ans, Philippe et Béatrice vont régulièrement au Canada. "Et pourquoi pas y passer une partie de notre retraite."

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