Souvent, pourtant, l’idée d’impliquer les usagers désarçonne. Les élus, car s’ils "sont curieux", ont la plupart du temps “envie de bien faire”, il n’en reste pas moins qu’ils sont plus ou moins “acculturés” selon le sujet, témoigne Emmanuelle Barlerin, coordinatrice en MSP et 1e adjointe au maire de Saint-Just-en-Chevalet. La démocratie en santé n’y déroge pas. Les usagers, eux, ont peur de “ne rien comprendre”, alors que chacun a sa place, quel que soit son environnement, assure celle qui est aussi infirmière et coprésidente de la FemasAura&Co.
Quant aux professionnels de santé, poursuit-elle, ils bataillent contre des craintes : la compromission du secret, le regard critique des patients… Et ils sont happés par des questionnements : sur la définition de l’usager qui, selon Emmanuelle Barlerin, "doit venir de l’équipe" pour être adaptée à la situation ; sur l’intérêt de la démarche ; sur la façon de procéder… "S’interroger, c’est déjà une première marche", juge-t-elle toutefois.
Pour lever les réticences, les fédérations régionales ont un rôle à jouer. "À nous d’aller un peu plus vers les équipes, de les rassurer, de donner des exemples”, détaille-t-elle. En Ile-de-France, la FémasIF a impliqué les usagers "dès sa création", souligne Poline Hadeler, chargée de mission qualité et projets transversaux. Celle-ci cite notamment des actions récentes, comme l’accompagnement des structures candidates puis retenues pour l’expérimentation des centres et maisons de santé participatifs. Elle met aussi en avant l’organisation fréquente de partages d’expériences “toujours très bénéfiques”. Une initiative saluée par Christian Saout, président du conseil pour l’engagement des usagers de la HAS, pour qui les “communautés apprenantes” sont un puissant levier.