"L’avenant 7 n’entrera pas en vigueur", annonce l’Assurance Maladie dans un communiqué publié ce mercredi. Après la signature de ce texte le 16 décembre dernier par la FFMKR (premier syndicat des masseurs-kinésithérapeutes avec 44 % des sièges aux URPS) – le SNMKR a acté son refus dès le 20 décembre face à un texte qu’il jugeait "déséquilibré" – le troisième syndicat, Alizé Kiné, avait un mois pour s’opposer ou pas à son application. C’est chose faite depuis lundi 16 à minuit.

L’Assurance-Maladie a donc pris acte de cette opposition qui fait échec à un accord prévoyant 530 millions de dépenses supplémentaires. "En ne signant pas l’avenant, les syndicats de kinésithérapeutes ratent le coche des revalorisations en 2023 et pénalisent les 70 000 praticiens sur le terrain qui réclamaient cette reconnaissance et leur place dans notre système de santé. Nous ne pouvons que le regretter", a réagi Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam. L’instance rappelle que la convention actuelle est valable jusqu’en 2027 sans obligation d’ouverture de négociation d’ici là.

 

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En réaction, la FFMKR a immédiatement communiqué assez fermement, dénonçant "l’irresponsabilité" des deux autres organisations représentatives de la profession "qui font passer leurs intérêts de boutique avant l’avenir de la profession et la santé économique des cabinets, déjà en grande difficulté". Son président, Sébastien Guérard, est "amer" : "La décision de ces deux syndicats est lourde de conséquences pour les kinés libéraux, a-t-il confié à Concours pluripro. Même si on avait soulevé les imperfections du texte, celui-ci était le fruit de négociations acharnées pendant une année et nous étions quand même arrivé à un accord historique et une revalorisation inégalée…"

Outre l’enveloppe accordée par l’Assurance maladie, la FFMKR regrette de devoir faire une croix sur "les avancées structurantes obtenues pour positionner le kinésithérapeute comme professionnel incontournable de la santé des personnes dépendantes et inscrire sa pratique dans la prévention, ainsi qu’au financement des études".

 

Un déséquilibre entre la proposition financière et les contraintes

"Si on a pris cette décision, ce n’est pas de gaieté de cœur et nous sommes conscients que cela engendre une grande responsabilité, explique Guillaume Rall, président du SNMKR. Mais pour nos adhérents que nous avons consultés, il y avait un trop grand déséquilibre entre la proposition financière et les contraintes imposées." Ainsi, si l’avenant 7 a permis de discuter des conditions d’installation en fonction d’un zonage du territoire, le syndicat était en désaccord avec l’extension des zones sur-dotées de 12,5 % à 30 % - "On avait pourtant fait des contre-propositions raisonnables", insiste Guillaume Rall – ou encore sur le fait d’inclure la contrainte d’installation des jeunes diplômés dans le débat : "Pour nous, prendre l’engagement de travailler deux ans en zone sous-dotée ou à l’hôpital ne relève pas de négociations conventionnelles. Pareil pour la prise en charge des études, comprise dans l’enveloppe de 530 millions d’euros. Cela n’a pas de sens : ce n’est pas à l’Assurance Maladie de payer des écoles privées. C’est d’ailleurs la porte ouverte à l’augmentation de leurs tarifs !"

Alizé Kiné est le syndicat qui a fait pencher la balance en rejoignant les positions du SNMKR. François Randazzo, son président, rappelle que l’organisation avait quitté la table des négociations en avril dernier et que ce n’est qu’après un long bras de fer qu’un accord sur la somme de 530 millions d’euros avait semblé acceptable.

 

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Mais après avoir ouvert une consultation en ligne pour tous les kinés libéraux, il est ressorti de façon écrasante que le calendrier proposé n’était pas en accord avec les demandes du terrain. "Attendre jusqu’en 2025 pour avoir une revalorisation de 2 euros par acte, cela vide la proposition de son sens tant l’inflation est importante", pointe François Randazzo, qui explique avoir discuté jusqu’à "22 heures lundi soir" avec Agnès Firmin Le Bodo – pour tenter d’obtenir un raccourcissement du calendrier, "voire qu’elle s’engage sur une clause de revoyure si l’inflation dépassait les 3 %" … en vain. "On est donc tombé d’accord sur le fait qu’on ne tomberait pas d’accord !", conclut-il.

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