D'une part, l'expérimentation fait se déchirer les professionnels de santé, de l'autre, le modèle Peps est la cible de nombreuses critiques. Notamment des syndicats de médecins libéraux qui estiment qu'il est impossible d'appliquer ce modèle en libéral, tout du moins sous sa forme actuelle. Pour preuve, avancent-ils, 13 maisons de santé "sur seize" ont quitté l'expérimentation. "Cela veut dire que ce n'est pas un succès foudroyant. En l'état, pour nous, cela veut dire que cela est totalement inapplicable pour le libéral", avait tranché Agnès Giannotti, présidente de MG France, le 18 janvier dernier... avant que de nombreuses voix d'organismes représentatifs des centres de santé se sont élevées, accusant les syndicats de "constamment faire barrage aux évolutions" du système de santé.  

Lire aussi : Aussitôt proposée, aussitôt enterrée : l'expérimentation Peps retoquée dans sa forme actuelle par les médecins libéraux 


"Convaincue de l'intérêt de repenser nos modèles de financement", la FemasAura&Co (Fédération des maisons de santé et de l'exercice coordonné en Auvergne-Rhône-Alpes) a décidé de démêler le vrai du faux, et d'apporter des précisions sur ce versant libéral. "Nous avons trouvé utile de communiquer sur Peps, ainsi que sur d'autres expérimentations 'article 51', car récemment il y a eu des communications avec des informations que nous ne trouvions pas vraies, explique Etienne Deslandes, médecin généraliste et coprésident de la FemasAura&Co. Il y a des interprétations qui nous semblent fausses. Tout d'abord le fait de dire que Peps est un échec, ce qui nous semble ne pas être du tout le cas."

Dans son communiqué publié le 31 janvier dernier, la fédération régionale dévoile que les treize structures participaient toutes au "forfait partiel" ne couvrant qu'une partie de la patientèle, à l'inverse des trois MSP qui y participent toujours et qui ont choisi le forfait "patientèle intégrale". Pour le généraliste, cela peut s'expliquer de deux façons. "La première chose, c'est que le forfait qui concerne une partie de la patientèle amène un changement de financement partiel. Il reste principalement à l'acte, seule une partie change. Alors que pour les équipes qui veulent modifier leur mode de financement, il y a plutôt cette idée d'aller sur une transformation plus globale, précise-t-il. De plus, dans les équipes qui ont expérimenté le financement partiel, cela a peut-être été plus difficile, tout du moins en libéral, par le fait de mêler des professions différentes."  

L'expérimentation Peps inadapté au modèle libéral ? "Cela nous semble être faux. Il ressort de l'expérimentation que cela est tout à fait faisable en équipe, notamment en maison de santé", signale Etienne Deslandes. Dans son communiqué, la FemasAura&Co indique que le dernier rapport de l'Irdes ainsi que les retours de terrain des maisons de santé en patientèle globale - donc toujours dans l'expérimentation - montrent au contraire "une satisfaction des professionnels impliqués".

Elle rappelle, par ailleurs, qu'une dizaine de nouvelles maisons de santé se sont portées volontaires pour se lancer dans Peps 2, une nouvelle phase expérimentale qui devrait se dérouler de juillet 2024 à juillet 2026. Pour Etienne Deslandes, le prolongement de Peps est une bonne chose, et le fait de rester sur le modèle de patientèle intégrale paraît assez intéressant. "Nous avons encore besoin de retours d'expérience de plus d'équipes qui le mettent en place afin d'avoir une vraie évaluation." Selon lui, "autant jeter le bébé avec l'eau du bain ! Dire que sur les seize MSP au départ, treize en sont parties donc Peps ne marche pas, cela paraît excessif, cela vaut vraiment le coup d'aller voir ce qui a fonctionné dans les équipes qui continuent... Cependant, dire qu'une réussite dans trois MSP sur treize suffit à faire Peps dans le droit commun semble également prématuré."  

Lire aussi : Rémunération au forfait Peps : les centres de santé veulent "passer à l’action”, les maisons de santé ont besoin de se "projeter" 


"Au niveau de la fédération, nous portons l'idée que toutes les expérimentations qui peuvent aider un changement de mode de financement sont les bienvenues (Equilibres, Ipep, Secpa…), révèle le co-président de la FermasAura&Co. Il y a des attentes de la part de certaines équipes pour aller dans cette direction, nous pensons donc que cela est positif."  

 

RETOUR HAUT DE PAGE