C’est la fin d'un mois d'incertitude. Fréderic Valletoux a été nommé, hier soir, ministre délégué chargé de la Santé. Le député Horizons de la Seine-et-Marne s'installe donc à l'avenue Duquesne, où il épaulera Catherine Vautrin, nommée il y a moins d'un mois.

Après un début de carrière comme journaliste, Fréderic Valletoux s'est vite orienté en politique. D'abord maire de Fontainebleau de 2005 à 2022, il devient conseiller régional d'Île-de-France en mars 2010. C'est son statut de président de la Fédération hospitalière de France de 2011 à 2022 qui lui a valu nombre de spéculations quant à une potentielle nomination au ministère de la Santé. Depuis 2022, il est député de la 2e circonscription de Seine-et-Marne sous l'étiquette Horizons, le parti d'Edouard Philippe. Il est notamment l’auteur d’une proposition de loi adoptée en décembre 2023, visant à "améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels".

> "Souhaitons qu’il mettre la même énergie qu’il a mise à l'hôpital pour les soins de ville"
(Pascal Gendry, co-président d’AVECsanté)
"C'est quelqu'un qui connaît bien le domaine de la santé. En tout cas, au moins le domaine de l'hôpital, puisque sa présidence à la FHF a été longue. On espère qu'il va mettre la même énergie qu'il a mise à l'hôpital pour les soins de ville. Alors on sait qu'il est attaché aux dimensions de territoire de CPTS, mais ce serait bien qu'il soit aussi attaché aux dimensions de structuration des soins primaires comme l'émergence des équipes en maisons de santé."

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> "On ne s'est pas réjoui de cette nomination"
(Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF)
"Il a quand même pas mal critiqué les médecins libéraux et particulièrement les généralistes qui étaient pour lui responsables de quasiment tous les maux de l'hôpital. Donc on ne peut pas dire qu'on s'est réjoui de la nomination de M.Valletoux. On se rassure en se disant que c'est un ministre sous la tutelle de Mme Vautrin. Il sait quel regard on a sur lui, ce qu'on va attendre maintenant, ce sont des preuves d'amour au vu de toutes les choses désobligeantes qu'il a dites à notre égard."


> "C'est une surprise sans être une surprise"
(David Guillet, président de la FCPTS)
"On était déjà assez inquiets des propos tenus par Mme Vautrin depuis sa nomination et de l'orientation qu'on sent de plus en plus centrée vers l'hôpital. C'est une vraie inquiétude pour les acteurs de la ville. Quand on commence à nous demander ce que peuvent produire les MSP et les CPTS alors qu'on a entre 200 000 euros et 300 000 euros annuels pour faire tourner 1.000 professionnels avec 3 salariés… La nomination de Fréderic Valletoux, c'est une surprise sans être une surprise, car c'est l'hôpital en force dans les conseillers de la ministre. Notre vraie difficulté, c'est de comprendre pourquoi il y a toujours ce resserrement autour des problématiques de la Santé, qui doivent être larges. On souhaiterait un élargissement et une ouverture de la problématique de la santé. Les vrais enjeux, ce sont les hôpitaux de proximité, désengorger les méga CHU, la coordination à l'échelle du territoire avec des offres de proximité qui pourraient apporter 80% à 90% des réponses à la population. J'en suis persuadé. Malheureusement, ce n'est pas assez souligné."

> "On a cette peur d'une promesse d'une nouvelle loi sur l'AME" 
(Frédéric Villebrun, président de l'USMCS)
"On a pu échanger avec Fréderic Valletoux lors du passage de sa proposition de loi. On a toujours eu des bons rapports. Certaines de ses propositions nous semblaient intéressantes à porter, d'autres l'étaient un peu moins... Bref, on ne partage pas tous ses propos. Mais le fait qu'on ait pu échanger de manière assez franche et ouverte avec lui nous rassure. Nos attentes sont les mêmes qu'il y a un mois, on a toujours cette question concernant le grand plan annoncé, par l'ancienne ministre Firmin Le Bodo, pour les centres de santé en 2024. Mais aussi le rapport de l'Igas sur le modèle socio-économique des centres de santé, notamment sur le cadre d'emploi et le statut des médecins centres de santé public... On a une vraie attente. 

L'important, c'est qu'on partage les valeurs du service public. Après, sur la partie coercition, portée dans sa proposition de loi initiale, certains médecins s'inquiètent à juste titre de certaines mesures. Nous, on a un avis différent dans le sens où on ne pense pas que ce soit la coercition mais le développement des centres de santé publique - et du service public territorial de santé - qui permettra d'arriver à une offre de soins cohérente sur le territoire. Néanmoins, on prend le problème à bras le corps. On souhaite un agissement, donc un arrêt de cet attentisme vis-à-vis des déserts médicaux.  

Concernant l'AME, on reste inquiets et on espère que le nouveau ministre délégué pourra revenir sur certaines décisions. On a cette peur d'une promesse d'une nouvelle loi sur l'AME et on espère que cette promesse ne serait pas tenue pour une fois. Pour nous, l'urgence c'est de renforcer l'AME et de faciliter son accès qui est déjà très compliqué. On reste vigilants là-dessus." 

> Maintenant, nous espérons de la stabilité”
(Julie Devictor,
présidente du Conseil national professionnel des IPA)
“Il est clair que les changements itératifs de ministres n’aident pas à avancer sur les dossiers en cours. Maintenant, nous espérons de la stabilité. C’est une bonne chose qu’il y ait un ministre délégué à la Santé parce que le méga ministère de Mme Vautrin ne pouvait pas répondre efficacement aux besoins... Et puis, Frédéric Valletoux connaît bien les IPA et nous espérons que cela aidera à favoriser leur implantation en France. Mais comme le décret primo-prescription est toujours en attente, alors que loi Rist a été promulguée en mai 2023, il faut accélérer!”


> Député, il a souvent inquiété les professionnels de santé, ministre il va devoir les rassurer” 
(Théo Combes, médecin généraliste, président de la CPTS du Grand Gaillacois et du DAC81, et vice-président de MG France) 
"Le nouveau ministre Valletoux devra être à l’écoute de la ville, car si les médecins libéraux ne sont plus là, c’est l’hôpital qui s’effondre un peu plus. Député, il a souvent inquiété les professionnels de santé, ministre il va devoir les rassurer”
 

> "On a encore envie de croire que des solutions vont émerger" 
(Julie Chastang, médecin généraliste au CMS de Champigny-sur-Marne)
"Il a une expérience sur le service public avec la FHF, qu'il a défendu, et nous, c'est aussi ce qu'on porte. Ça nous fait pas mal de valeurs communes sur le sujet. Pour ce qui est de l'hôpital, en tant que médecin du service public, on se sent directement concernés et surtout collaborateurs. On est proches non seulement de la médecine libérale mais aussi du service public car on soigne les mêmes patients, on a les mêmes problématiques d'accès aux soins, de financement, de prise en compte des problématique sociales et des polypathologies et des enjeux de santé. On se comprend plutôt bien et on vise la complémentarité et l'alliance sur le territoire. Ça peut être la ville et l'hôpital et non pas la ville contre l'hôpital. Sa nomination rejoint plutôt nos valeurs. On a besoin d'une coordination auprès des acteurs qui permette d'améliorer la question. On n'est pas contre les libéraux, on s'inscrit en complémentarité, mais on n'est pas non plus contre l'hôpital.  

J'ai aussi été pilote dans les Assises de la santé de l'enfant. Quand on subit une valse de ministres comme celle qu'on a connue, les problématiques autour de la santé de l'enfant sont déléguées au second plan. C'est pourtant un sujet qui ne cesse de s'aggraver. On va solliciter Frédéric Valletoux pour prendre des engagements qui n'ont pas pu être aboutis par ses prédécesseurs. On a encore envie de croire que des solutions vont émerger." 

> "On pourrait imaginer pire comme ministre pour les MSP"
(Pierre de Haas, médecin généraliste à la MSP de Pont d'Ain)
"La loi Valletoux dont deux articles facilitent la vie des Sisa. Et celle qui crée non seulement l'infirmière référente, mais aussi la possibilité que le groupe d'infirmières soit référent. On pourrait imaginer pire comme ministre pour les MSP..."

> "Il connaît le secteur sanitaire et hospitalier donc c'est rassurant" 
(Hélène Colombani, présidente de la FNCS) 

Pour nous, cette nomination est plutôt positive. Il a travaillé sur des dossiers qui rejoignent des positions que nous portons. Le travail en collaboration des professionnels, l'équité dans les territoires, les partenariats ville-hôpital, ce sont des éléments que l'on soutient aussi. On pense qu'il aura à cœur d'avancer sur ces dossiers en étant ministre délégué de la santé. C'est quelqu'un qui connaît le secteur sanitaire et hospitalier donc c'est rassurant."

> Il va devoir s’atteler à apprendre ce qu’est la médecine libérale qu’il ne connaît manifestement pas 
(Mickael Riahi, médecin généraliste à la MSP Villaumed et secrétaire général de la CPTS Paris 19) 
“C’est un vrai signal négatif envers le monde de la santé dans son ensemble : la ville, par ses attaques répétées et sa volonté de coercition, et l’hôpital, car il faut rappeler son bilan négatif à la tête de la FHF qui a vu pendant son mandat l’état de l’hôpital se dégrader par une gestion calamiteuse... Ses déclarations ont souvent consisté à dresser les uns contre les autres, pour passer sous silence les coupes budgétaires et l’absence d’investissement sur la santé.
Ville et hôpital sont les deux jambes d’un système qui ne peut se porter bien sans un équilibre entre les deux. Ministre, il va devoir s’atteler à apprendre ce qu’est la médecine libérale qu’il ne connaît manifestement pas, qui est un chef d’œuvre en péril de notre pays indispensable à notre système de santé. La balle est dans son camp.
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